Le Conservatoire botanique lance une contre-offensive verte. Soutenu par l’Initiative Kiwa, le projet BLOSSOM s’attaque à la dégradation écologique en mobilisant les Calédoniens.
Un bouclier vert face au changement climatique
Dans un territoire à la croisée de la biodiversité exceptionnelle et de la vulnérabilité climatique, la Nouvelle-Calédonie voit émerger un projet phare : BLOSSOM. Avec 47,7 millions XPF d’investissement, financés par l’Initiative Kiwa, ce programme entend restaurer dix hectares de zones dégradées à Koumac, Maré et Lifou.
Son ambition ? Replanter les paysages, renforcer la résilience des populations et préserver les espèces endémiques, à commencer par le bois de santal.
Sur chaque site, des stratégies écologiques, coutumières et scientifiques sont élaborées avec les communautés.
À Koumac, par exemple, la pépinière municipale devient le centre logistique du renouveau écologique, en lien direct avec le futur Jardin botanique.
Mais BLOSSOM ne plante pas que des arbres. Il sème aussi des compétences : des centaines d’habitants — jeunes, coutumiers, techniciens — seront formés via des ateliers, des modules pratiques et des démonstrations grandeur nature.
Le programme cible aussi l’inclusion, avec un volet GEDSI (genre, handicap, inclusion sociale) intégré à chaque étape.
Santal, savoirs traditionnels et solutions d’avenir
Au cœur du projet : la gestion durable du bois de santal, pilier culturel et économique menacé par la surexploitation.
En Province des Îles, des partenariats sont mis en place pour encadrer la filière, améliorer la production des espèces associées et transmettre les savoirs traditionnels aux jeunes générations.
À Lifou et Maré, deux îles soumises à une forte pression sur les ressources naturelles, la restauration passera par la création de sites démonstratifs ouverts au public et aux écoles.
Ces espaces permettront de visualiser concrètement l’effet des solutions fondées sur la nature (SfN).
La composante cartographique est également innovante : des outils de priorisation spatiale guideront les actions de restauration, avec l’appui de l’Université de la Nouvelle-Calédonie et de l’IAC, ancrant ainsi la recherche dans le concret.
BLOSSOM, un modèle pour le Pacifique insulaire
Plus qu’un projet, BLOSSOM s’inscrit dans une feuille de route décennale (2024–2034) portée par le CBNNC, pour structurer une véritable filière calédonienne de restauration écologique.
Avec plus de 500 personnes impliquées directement, il devient un terrain d’apprentissage et d’expérimentation pour les futures politiques environnementales locales.
BLOSSOM n’est pas un cas isolé : il est l’un des 15 nouveaux projets financés par l’Initiative Kiwa à travers le Pacifique.
En Nouvelle-Calédonie, trois autres initiatives (RESMANC à Touho, ACCLIMAT à Lifou et Thio, REFUGE au Mont-Dore) complètent cette dynamique régionale.
Comme l’a rappelé Virginie Bleitrach, présidente du comité Kiwa 2025 :
« Ces projets sont concrets, portés par des acteurs engagés et inspirants pour toute la région. »
Dans un Pacifique où la résilience devient une nécessité vitale, la Nouvelle-Calédonie prend une longueur d’avance.
À l’heure où les effets du dérèglement climatique se font sentir plus fort chaque année, le projet BLOSSOM prouve que les solutions locales, enracinées dans les savoirs traditionnels et la participation citoyenne, peuvent inverser la tendance.