En l’espace de quelques heures, Bourail et Nouméa ont été secouées par des actes violents. Cambriolages, incendies criminels : les forces de l’ordre sont sous pression.
Cambriolage spectaculaire à Bourail : une entreprise ciblée
Ce samedi 26 juillet, à 4 h 15 du matin, les caméras de surveillance d’une entreprise de restauration collective de Bourail ont capté des images glaçantes : deux individus cagoulés, munis d’un pied-de-biche, s’introduisent dans les locaux. En quelques minutes, ils repartent avec les fonds de caisse. Le préjudice est estimé à plus de 100 000 francs CFP.
Ce n’est pas un acte isolé. Début 2025, les mêmes locaux avaient déjà été forcés : une vitre brisée, une cuisine vandalisée. Cette fois, les malfaiteurs ont agi rapidement et avec sang-froid. La vidéosurveillance, fraîchement installée, a capté chaque mouvement. Relayées massivement sur les réseaux sociaux, les images suscitent une onde de choc à Bourail.
Une plainte a été déposée et une enquête est en cours. Ce nouveau vol par effraction s’inscrit dans une série noire de cambriolages qui touche aussi bien les commerces de proximité que les structures publiques. La peur s’installe, et les commerçants parlent d’un climat devenu « invivable ».
Incendie à Nouméa : deux véhicules détruits à la Vallée-du-Tir
Pendant que Bourail se réveillait sous le choc du cambriolage, c’est Nouméa qui flambait. À 4 h 30 du matin, un incendie criminel ravage deux véhicules administratifs dans la cour intérieure de la DITTT et de la DAPM (Direction des achats, du patrimoines et des moyens), à la Vallée-du-Tir. Un troisième véhicule est endommagé, et les flammes atteignent les locaux du service topographique.
Ces bâtiments publics, déjà ciblés lors des émeutes de 2024, avaient été entièrement réhabilités. Le parc automobile, en cours de reconstitution, vient de subir un nouveau coup dur. Sept véhicules avaient été incendiés l’an dernier, et les services s’étaient battus pour retrouver une activité normale. Cette nouvelle attaque ravive les blessures et laisse les agents « dépités ».
Si aucune fermeture de service n’est envisagée, les équipes de la DITTT s’organisent pour maintenir une continuité d’accueil. Un relogement temporaire du pôle clientèle est même évoqué. Mais, pour l’heure, impossible de confirmer la nature exacte de l’acte : vandalisme isolé ou attaque ciblée ?
Une spirale de violences qui s’intensifie malgré les alertes
Ces deux faits divers ne sont que la face émergée de l’insécurité croissante qui gangrène la Nouvelle-Calédonie. Cambriolages en série, incendies, vols par effraction, mais aussi agressions et dégradations : chaque jour amène son lot de violences. Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle touche aussi bien les zones urbaines que les communes rurales.
Le Haut-commissariat de la République a pourtant sonné l’alerte le 21 juillet dernier, en publiant une note sur la montée de la délinquance. Il y appelle les forces de l’ordre à renforcer leur présence sur le terrain, avec des patrouilles accrues et un maillage territorial plus serré.
Mais, sur le terrain, l’effet peine à se faire sentir. Les commerçants de Bourail, comme les agents publics de Nouméa, se sentent abandonnés. Les caméras ne dissuadent plus, les grilles ne suffisent plus, et la justice peine à enrayer la mécanique. Le sentiment d’impunité s’installe. Comme en témoigne Jean-Michel, 48 ans, petit commerçant de brousse :
On met des caméras, des alarmes, des grilles… mais ils reviennent quand même.
Au-delà des faits, c’est le climat général qui inquiète : un territoire en crise sociale, économique, et désormais en proie à une violence quasi quotidienne. À défaut d’une réponse rapide, concertée et visible, la fracture sécuritaire pourrait bien devenir irréversible.