Agressions, cambriolages, razzia en brousse et en zone urbaine : ce vendredi 25 juillet, la gendarmerie s’est organisée, s’est déployée et a tenté de reconstruire un lien de confiance avec la population. Entre présence visible, patrouilles équestres et réunions de crise, l’État reprend péniblement pied sur le terrain.
Poya sous tension : la gendarmerie mobilise ses forces
Les habitants de Poya n’en peuvent plus. Ces derniers jours, cette commune rurale a été la cible de délinquants organisés, n’hésitant pas à recourir à une violence rare, parfois en plein jour. En réponse, la gendarmerie a lancé une opération de sécurisation tous azimuts, mobilisant ses unités territoriales, mobiles et équestres.
Contrôles routiers renforcés, patrouilles visibles dans les quartiers sensibles, visites auprès des commerçants, échanges directs avec les habitants : tout est mis en œuvre pour rassurer une population traumatisée. La présence des cavaliers dans les zones difficiles d’accès illustre la volonté de couvrir chaque recoin du territoire.
La gendarmerie a également pris contact avec le gérant de la station-service victime d’une voiture-bélier, un vol d’une audace inquiétante qui a choqué tout le secteur. Une réunion de crise s’est tenue à la mairie de Poya, rassemblant élus et autorités, pour envisager une réponse coordonnée.
Cambriolages en série à Yahoué : l’opération anti-délinquance se déploie
Direction Yahoué, au Mont-Dore, où les habitants vivent depuis des mois dans la peur des cambriolages à répétition. Tentatives d’ouverture de porte, vols discrets ou effractions brutales : les bandes organisées testent les limites, souvent la nuit, laissant derrière elles un climat anxiogène.
Pour y remédier, les gendarmes de la compagnie de Nouméa ont mené une opération de terrain ce week-end. Contrôles routiers fixes, distribution de flyers anti-intrusion, rencontres dans les quartiers : le message est clair, la sécurité du quotidien devient une priorité.
Madame le maire du Mont-Dore, accompagnée de son directeur de cabinet, a tenu à soutenir publiquement l’initiative, aux côtés de la police municipale et des gendarmes mobiles. Une unité retrouvée entre collectivités et forces de l’ordre, indispensable dans un contexte d’insécurité latente.
Brousse et Grand Nouméa : le doute persiste chez les habitants
Si ces actions sont saluées par certains, elles laissent de nombreux Calédoniens circonspects, notamment en brousse et en périphérie de Nouméa, où le sentiment d’abandon demeure tenace. Les renforts de gendarmerie apparaissent parfois comme ponctuels, sans suivi dans la durée.
Comme en témoigne René, 48 ans, habitant d’un lotissement pavillonnaire entre Dumbéa-sur-Mer et Nakutakoin. Depuis plusieurs mois, lui et ses voisins ont pris l’habitude de faire des rondes nocturnes, faute de présence régulière des forces de l’ordre dans leur quartier.
On ne dort plus tranquille, alors on patrouille nous-mêmes.
Avant de poursuivre :
Tous les soirs, vers 21 h, on se retrouve à trois ou quatre avec les voisins. On fait le tour des rues, on vérifie que rien d’anormal ne se passe, on se prévient par message si on voit quelque chose de louche. Ce n’est pas notre métier, mais on n’a pas le choix. On a tous eu des tentatives : portail fracturé, boîte aux lettres explosée, voiture forcée, jardin visité.
Dans certains quartiers, les habitants constatent que les mêmes visages délinquants reviennent malgré les arrestations. Les commerçants, eux, investissent dans des systèmes de sécurité coûteux, désabusés mais résignés. Beaucoup réclament une présence continue, des patrouilles de nuit, et surtout des réponses judiciaires plus fermes.
La crainte d’une fracture sécuritaire durable se fait sentir : d’un côté, les zones renforcées ; de l’autre, les angles morts de la République, où la loi ne serait plus qu’une abstraction. Dans cette guerre d’usure contre la délinquance, la mobilisation exemplaire de la gendarmerie ne suffira pas sans volonté politique claire, coordination durable et moyens pérennes.
La gendarmerie ne ménage pas ses efforts, multipliant les opérations de proximité à Poya comme à Yahoué. Mais face à une délinquance de plus en plus audacieuse, c’est toute la chaîne de l’État — justice, élus, forces de l’ordre — qui doit se tenir debout.
Sinon, le risque est grand de voir l’insécurité du quotidien s’enraciner, au détriment d’un lien social déjà fragilisé.