À huis clos, les arbitrages avancent. Réunis ce 25 juillet 2025, les présidents d’exécutif ont planché sur des sujets brûlants pour l’avenir du pays, tels que le financement de l’enseignement privé, encadrement du kava, et attractivité du territoire pour les soignants.
L’enseignement privé sous tension financière
Le financement de l’enseignement privé représente chaque année 640 millions de francs en Nouvelle-Calédonie. Ce montant étant trop lourd à assumer seul, le gouvernement souhaite aujourd’hui rééquilibrer les contributions. Lors de la réunion du GTPE ( Groupe de Travail des Présidents d’exécutifs), Alcide Ponga a été clair : la solidarité des communes est attendue pour porter cette dépense incontournable dans certaines zones rurales où le privé est souvent l’unique offre scolaire.
Une commission technique ad hoc sera prochainement mise en place pour analyser finement la part communale dans ce financement. Objectif :établir une nouvelle répartition budgétaire sur des données consolidées, afin d’alléger la charge pour certaines collectivités.
Autre point soulevé : l’adéquation entre offre éducative et besoins réels. Le vice-rectorat a présenté une carte scolaire inquiétante : des capacités excédentaires, surtout dans les collèges, qui soulignent la nécessité d’une révision structurelle de l’offre. Des fermetures ou fusions d’établissements pourraient être envisagées dans les prochaines années.
Le kava dans le viseur du législateur
Autre sujet sensible abordé par les présidents d’exécutif : la prolifération non encadrée des nakamals et des lieux de vente de kava, en pleine expansion dans le pays. Face à une consommation en hausse et aux interrogations sanitaires croissantes, le GTPE a validé l’élaboration d’un projet de loi du pays pour réguler le secteur.
Cette nouvelle législation passera d’abord par une phase de travail collégial au gouvernement, avant de rejoindre les bancs du Congrès. Si le texte est encore à l’état d’ébauche, les grandes lignes sont posées : Licences, horaires, conditions d’exploitation, mais aussi un régime de sanctions en cas d’infraction. Le but : protéger la santé publique tout en encadrant une pratique culturelle ancrée.
Les élus espèrent que cette initiative permettra de freiner la banalisation de la consommation de kava, notamment chez les jeunes, tout en offrant un cadre légal clair aux acteurs économiques du secteur.
Attirer enfin les soignants : la grande offensive
Le manque criant de professionnels de santé en Nouvelle-Calédonie n’est plus un secret. Claude Gambey, membre du gouvernement en charge de la santé, l’a rappelé sans détour : les dispositifs d’aide existent, mais restent insuffisants face à la concurrence internationale.
Billets d’avion pris en charge, aides à l’installation, bourses conditionnées : les incitations sont là, mais ne suffisent plus. D’où l’idée de créer une cellule dédiée à l’attractivité médicale, pour professionnaliser les campagnes de recrutement et mieux cibler les profils.
Cette cellule aurait pour mission de valoriser l’image du territoire, souvent méconnue, et à lever les freins administratifs ou logistiques à l’installation. Car dans certaines spécialités, la situation devient critique, et certains services hospitaliers tournent déjà au ralenti faute de personnel médical suffisant.
La Maison de la Nouvelle-Calédonie bientôt métamorphosée
Enfin, la réunion du GTPE a aussi permis de faire le point sur la réforme en cours de la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris. Jugée vieillissante, peu lisible et coûteuse, la structure va bientôt changer de visage. Cinq scénarios sont actuellement sur la table pour définir le périmètre et l’organisation du futur GIP (Groupement d’Intérêt Public).
Un conseil d’administration est prévu le 31 juillet pour trancher les grandes orientations. Parmi les enjeux figurent le recentrage des missions de la MNC, notamment sur le plan de la représentation politique, de l’accompagnement social et du rayonnement culturel. Un chantier sensible, dans un contexte budgétaire très contraint.
En toile de fond de cette réunion, un constat s’impose : l’heure n’est plus aux postures, mais aux décisions concrètes. Dans un pays encore fragilisé par la crise de 2024, les présidents d’exécutif cherchent des solutions pragmatiques. Éducation, santé, cohésion sociale : les dossiers avancent. Reste à savoir si les décisions seront suivies d’effets.