Le top mondial des passeports vient de changer. Singapour s’envole, la France glisse et les États-Unis reculent encore dans le Henley Index 2025.
Ce classement géopolitique de la liberté de voyager bouleverse l’ordre établi. Zoom sur les gagnants… et les perdants.
Singapour intouchable, la France rétrogradée
Pour la deuxième année consécutive, Singapour reste solidement installée à la première place du classement Henley 2025, avec 193 destinations accessibles sans visa. Le petit État asiatique confirme sa domination grâce à une diplomatie agile et un parcours diplomatique irréprochable.
Juste derrière, le Japon et la Corée du Sud maintiennent leur puissance, avec 190 destinations. Quant à la France, elle partage désormais la troisième place mondiale avec six autres pays de l’Union européenne : l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, le Danemark et la Finlande. Tous donnent accès à 189 destinations sans visa.
Si ce recul est symbolique, il traduit malgré tout une perte d’influence relative. En janvier 2024, le passeport français permettait encore d’accéder à 194 pays. Cinq destinations perdues, c’est autant de portes qui se ferment. Malgré cela, l’Europe domine : 28 pays européens figurent dans le top 10.
Les anciens géants chutent dans le classement
Le Royaume-Uni et les États-Unis, longtemps au sommet, continuent leur lente dégringolade. Le passeport britannique tombe à la 6e place, avec un accès sans visa à 186 destinations, alors qu’il caracolait en tête en 2015. Les États-Unis font pire encore : ils glissent à la 10e place, avec seulement 182 pays accessibles.
C’est leur pire position depuis la création du classement il y a vingt ans. La raison ? Une politique migratoire de plus en plus restrictive et un repli diplomatique face aux puissances montantes.
À l’inverse, des pays comme les Émirats arabes unis (8e), l’Arabie saoudite (54e) ou encore la Chine (60e) progressent rapidement, grâce à une ouverture croissante et à la multiplication d’accords bilatéraux. Même l’Inde gagne huit places en un semestre.
L’Europe à deux vitesses et la fracture mondiale
Derrière l’image flatteuse de l’Europe, des disparités se creusent. Le Bélarus (62e) et le Kosovo (61e) ferment la marche sur le continent, avec respectivement 81 et 82 destinations accessibles. Loin, très loin des standards européens.
À l’échelle mondiale, les passeports les plus faibles restent ceux de l’Afghanistan (25 destinations), de la Syrie et de l’Irak. L’écart entre ces pays et Singapour atteint 168 destinations : un gouffre.
Le Henley Passport Index, établi à partir des données de l’IATA, classe 199 passeports selon leur accès à 227 destinations. Ce palmarès trimestriel, devenu un véritable baromètre diplomatique, reflète autant la force économique d’un pays que sa politique extérieure.
Le Vanuatu (54e), autrefois 36e, illustre aussi la fragilité de certains États insulaires, pénalisés par des accords suspendus ou des tensions géopolitiques régionales. Fidji (55e), l’Azerbaïdjan (68e), ou encore le Venezuela (45e) suivent cette trajectoire descendante.
En 2025, la carte mondiale de la mobilité est en pleine reconfiguration. Singapour confirme sa suprématie, l’Europe résiste mais s’effrite, et les puissances occidentales reculent. La liberté de circuler n’est plus un privilège inamovible, mais un capital qui se gagne… ou se perd.
Dans un monde où la diplomatie prime, le passeport est devenu un indicateur stratégique, révélateur de l’ouverture, de la stabilité et de l’influence d’un État. Et à ce jeu-là, les cartes sont en train d’être rebattues.