Insultes, menaces, agressions physiques : les professionnels de santé calédoniens sont de plus en plus souvent la cible de violences. L’État réagit avec une convention inédite.
Un protocole inédit face à une situation explosive
Le constat est alarmant : les personnels de santé exerçant en Nouvelle-Calédonie se retrouvent régulièrement exposés à l’insécurité. Centres médico-sociaux vandalisés, soignants menacés ou agressés, climat délétère dans certaines zones sensibles… Cette réalité ne cesse d’alimenter une crise de vocation, avec une fuite croissante des professionnels vers d’autres secteurs ou d’autres territoires.
Face à cette situation, le haut-commissaire de la République, le président du gouvernement calédonien et les ordres professionnels de santé ont signé une convention baptisée « pro santé en sécurité ». Ce texte marque un tournant : la sécurité des soignants devient une priorité politique, avec un plan d’action structuré et pragmatique.
Cette convention découle des engagements pris par le ministre des Outre-mer, Gérald Darmanin, lors de ses visites sur le territoire. Elle est le fruit d’un partenariat solide entre l’État, les collectivités locales, les syndicats, les forces de l’ordre et les professionnels de santé.
Des mesures concrètes pour renforcer le sentiment de sécurité
Au-delà des mots, l’État déploie un arsenal de mesures pratiques pour répondre aux défis du quotidien des soignants. D’abord, la convention prévoit des formations spécifiques sur la désescalade des tensions, afin de permettre aux professionnels de mieux gérer les situations potentiellement violentes.
Un accompagnement psychologique est également mis en place, via une cellule d’écoute accessible 24h/24 par numéro vert. Les professionnels victimes d’agressions pourront porter plainte plus facilement, grâce à un accès prioritaire dans les commissariats, évitant les longues attentes et l’abandon de procédure.
Autre point majeur : des référents sécurité sont désignés au sein des forces de l’ordre, pour permettre un dialogue permanent avec les équipes de soins. Des visites de sûreté dans les établissements sont aussi prévues pour évaluer les risques et anticiper les réponses.
Enfin, dans certaines zones sensibles, les soignants pourront être accompagnés par les forces de l’ordre lors de leurs missions, en particulier pour les visites à domicile ou les interventions d’urgence.
Un symbole fort : l’État aux côtés des soignants calédoniens
Ce plan n’est pas qu’une série de mesures techniques : il incarne un message politique fort, celui d’un État protecteur, mobilisé pour restaurer la confiance dans le service public de santé.
Le haut-commissaire de la République a salué « l’engagement collectif » de tous les acteurs, soulignant que ce dispositif s’inscrivait dans une volonté partagée de redressement du système de soins. L’État entend montrer qu’il ne laissera pas les personnels isolés face à la violence, et qu’il continuera à assumer ses responsabilités régaliennes en matière de sécurité, y compris dans les domaines professionnels.
Derrière les déclarations de principe, c’est une stratégie d’action coordonnée qui se met en place, adaptée aux réalités du terrain calédonien.
Les retours du terrain seront déterminants. Le défi n’est pas mince : redonner envie d’exercer dans les territoires reculés, restaurer la dignité des soignants et garantir leur protection, c’est poser une pierre essentielle pour l’avenir du système de santé local.