Le Sahara gagne 76 000 km² en un siècle, poussé par le changement climatique et des cycles naturels. À Chinguetti, tempêtes de sable et sécheresse menacent le patrimoine UNESCO. La Grande Muraille Verte vise à restaurer 100 millions d’hectares, mais les défis climatiques et financiers.
Une expansion inexorable
La réduction des pluies au Sahel et les vents asséchants accélèrent cette progression. Les zones sahélo-soudaniennes, vitales pour 135 millions de personnes, subissent une désertification accrue, menaçant l’agriculture et l’accès à l’eau.
Chinguetti : un patrimoine en péril
À Chinguetti, Mauritanie, site UNESCO, les tempêtes de sable quotidiennes ensevelissent maisons et rues. La végétation disparaît, les puits s’assèchent, et l’économie locale, dépendante du tourisme (10 millions XPF de revenus annuels, soit 84 000 EUR), s’effondre.
Ce que nous pensions extrême il y a dix ans est désormais la norme.
Alerte Andreas Baas, géologue à King’s College.
Observations scientifiques inquiétantes
Entre 2000 et 2020, 2 000 observations satellites confirment une intensification des tempêtes de sable. La désertification progresse plus vite que prévu, mettant en danger les écosystèmes sahéliens et 65 % des terres arables du Sahel. Les cycles climatiques naturels, amplifiés par la déforestation et le surpâturage, aggravent la situation.
La Grande Muraille Verte : un espoir fragile
L’initiative de la Grande Muraille Verte, portée par l’Union africaine, ambitionne de restaurer 100 millions d’hectares d’ici 2030, avec 8 000 km d’arbres et 10 millions d’emplois créés. Financée à hauteur de 2 380 milliards XPF (20 millions EUR), elle promeut la conservation des sols et des pratiques agricoles durables. Cependant, seuls 18 % des objectifs sont atteints, freinés par des défis politiques et financiers.
Un cycle déstabilisé
Le Sahara a connu des phases humides il y a 6 000 ans, mais le changement climatique actuel, combiné à l’anthropisation, accélère sa désertification. Des poches de reverdissement ponctuelles apparaissent grâce à des pluies rares, mais elles restent insuffisantes face à l’ampleur du phénomène. Les experts appellent à des actions globales pour limiter les émissions et protéger les écosystèmes.