La chefferie de Maré franchit la ligne rouge : des responsables politiques loyalistes se voient refuser l’accès à l’île. L’État réaffirme son autorité et menace de sanctions.
Maré interdit aux loyalistes : une décision qui scandalise
La tension grimpe d’un cran à Maré. Le conseil des chefs et la chefferie du royaume de Gureshaba ont publiquement interdit la venue des élus et militants non-indépendantistes, partisans de l’accord de Bougival. Cette décision, justifiée localement par le refus du deuil après les événements de mai 2024, s’apparente de fait à une entrave grave aux libertés fondamentales. Depuis quelques jours, la polémique enfle : des voix s’élèvent sur les ondes des radios locales, tandis que plusieurs responsables politiques de droite dénoncent une dérive communautaire et un climat de tension inédit.
La mesure vise notamment à empêcher certains signataires de l’accord politique de Bougival d’expliquer leur position aux habitants de Maré. Or, ces déplacements s’inscrivent dans le cadre du débat démocratique prévu dans la phase de concertation avec la population. Le droit à l’expression ne saurait s’exercer à géométrie variable, encore moins sur des bases ethniques ou idéologiques.
Le Haut-commissaire tape du poing sur la table
Face à cette situation explosive, le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie a publié un communiqué officiel, ce mercredi 6 août 2025. Le représentant de l’État y rappelle avec force que la liberté de circulation est un principe constitutionnel, indissociable de la liberté d’expression.
Si chacun peut exprimer librement ses opinions […] cette liberté ne saurait être dissociée de celle de circuler tout aussi librement, écrit-il dans un rappel ferme à l’ordre républicain.
Plus encore, l’État menace d’intervenir si ces atteintes aux libertés se reproduisent. Le Haut-commissaire indique qu’il « veillera avec la plus grande vigilance » au respect du droit sur l’ensemble du territoire et se réserve la possibilité de prendre toutes les mesures adaptées pour garantir l’ordre public. En clair : l’interdiction de Maré pourrait faire l’objet de sanctions si elle venait à être appliquée ou maintenue. Un avertissement sans équivoque aux chefs coutumiers tentés par une sécession de fait.
Libertés publiques en danger : une ligne rouge est franchie
L’affaire dépasse largement le seul cadre local. Elle soulève une question fondamentale sur la capacité de l’État à faire respecter l’unité républicaine dans un territoire traversé par les clivages identitaires. Interdire un élu ou un citoyen en raison de son appartenance politique revient à nier le socle même de la démocratie. La Nouvelle-Calédonie ne peut pas devenir un archipel de zones interdites, où l’appartenance clanique primerait sur les droits constitutionnels.
Pour nombre d’observateurs, cette affaire marque un tournant. Après les violences de mai, les autorités coutumières semblent vouloir verrouiller leur contrôle territorial, quitte à piétiner les principes fondamentaux. À l’approche des échéances politiques, le risque est grand que d’autres communes suivent cette logique de partition. Le signal envoyé par l’État est donc capital : non, la République n’acceptera pas que des portions du territoire soient soustraites à ses règles.
Le rappel à l’ordre du Haut-commissaire s’adresse autant aux chefs coutumiers qu’aux citoyens : nul ne peut s’ériger au-dessus de la loi.