Face à l’enlisement du FLNKS, le Mouvement nationaliste indépendantiste souverainiste (MNIS) sort du rang. Il accuse frontalement l’Union calédonienne d’avoir figé le projet souverainiste dans un immobilisme coupable.
L’Union calédonienne : géant historique devenu poids mort
Dans une déclaration politique sans détour, le MNIS attaque la stratégie de l’Union calédonienne, jugée inefficace, passive et déconnectée des exigences contemporaines. S’il reconnaît la légitimité historique de l’UC, pilier du combat kanak depuis les années 1950, le MNIS estime que cet aura est aujourd’hui devenu un frein.
Pour ses cadres, l’Union calédonienne s’est enfermée dans un récit mémoriel et un rituel politique qui ne produit plus de dynamique réelle.
On ne construit pas un État avec des commémorations et des slogans, lâche un responsable du mouvement.
À force de cohabiter avec les institutions françaises, l’UC aurait perdu l’essence même du combat souverainiste : penser et bâtir une rupture politique structurée.
Un processus indépendantiste vidé de substance
Pour le MNIS, l’échec est méthodique. Il ne s’agit pas seulement d’un problème de communication ou d’un déficit d’écoute. C’est l’ensemble de la stratégie indépendantiste menée par l’UC qui est remis en cause. Cinq critiques structurent cette charge :
- L’enfermement dans les accords – Le MNIS dénonce la spirale des négociations successives (Matignon, Nouméa, Bougival) qui ont domestiqué la revendication indépendantiste au lieu de l’amplifier. L’UC aurait troqué la rupture pour la gestion.
- L’absence de vision juridique – Aucune Constitution de Kanaky, aucun plan institutionnel crédible, aucune doctrine sur la transition de souveraineté n’a été produite.
La souveraineté ne se proclame pas, elle se structure , martèle le MNIS.
- Une organisation interne cadenassée – Entre logique clanique, fidélités coutumières et rivalités internes, l’UC est jugée incapable de s’unir durablement ou de porter un front national crédible.
- Une dépendance fonctionnelle à l’État – L’UC continue de fonctionner avec les moyens de la puissance coloniale, sans créer d’administration parallèle, de fiscalité propre, ni même d’embryon diplomatique.
- Une parole confuse – Le MNIS critique un discours flou, défensif, oscillant entre plaintes historiques et imprécisions politiques. Aucune réponse claire n’est apportée aux questions fondamentales : comment gouverner ? Avec qui ? Selon quelles lois ? Quelle place pour les non-Kanak ?
En 2019, lors des provinciales, le MNIS n’avait recueilli que 1 971 voix sur l’ensemble du territoire — un score microscopique, mais cela ne l’empêche pas aujourd’hui de distribuer des leçons de stratégie à une machine historique comme l’Union calédonienne.
Le MNIS réclame un nouveau front souverainiste
Si l’UC ne veut pas sortir de son confort institutionnel, alors d’autres le feront, affirme le MNIS, qui appelle à refonder le souverainisme sur des bases doctrinales solides et inclusives.
Pour le mouvement, l’heure n’est plus aux comités de suivi ni aux bilans d’étape, mais à la construction immédiate d’un État en gestation.
Le MNIS défend une stratégie offensive, articulée autour de cinq axes concrets :
La rédaction d’une Constitution opérationnelle, définissant clairement les institutions, les droits et les équilibres d’un futur État kanak ;
La création d’un budget propre, avec une fiscalité pilote et un appareil administratif autonome ;
L’ouverture de représentations diplomatiques informelles, dans le Pacifique et auprès des mouvements décoloniaux ;
La fédération des forces indépendantistes non alignées, au-delà du FLNKS, en incluant chercheurs, syndicats, jeunes et diasporas ;
Le renouvellement générationnel, en brisant le verrouillage de la scène indépendantiste par les réseaux historiques.
Souveraineté : l’heure de vérité pour le camp indépendantiste
Le MNIS ne remet pas en cause la légitimité du projet indépendantiste. Mais il affirme qu’il est aujourd’hui desservi par ses propres porte-parole. Il ne s’agit plus de revendiquer symboliquement l’indépendance, mais de construire un État viable et crédible.
En menant cette charge, le MNIS ouvre un espace politique inédit : celui d’un souverainisme stratégique, pragmatique et réaliste, capable de parler à la jeunesse, aux milieux populaires, mais aussi aux instances internationales.
L’Union calédonienne, historiquement dominante, est désormais sommée de choisir : soit elle se refonde, soit elle se retire. Car selon le MNIS, la souveraineté ne se conjugue plus au passé, elle s’écrit désormais au futur, avec méthode.