Dans un contexte politique tendu, la mémoire de Jacques Lafleur, figure historique du camp loyaliste, a de nouveau été visée. La profanation de sa tombe au cimetière du 4ᵉ kilomètre, marquée par un geste à la fois choquant et symbolique, ravive les tensions et relance le débat sur l’héritage controversé de l’ancien président du RPCR. Entre souvenirs des accords de Matignon et de Nouméa, et querelles persistantes autour de son rôle dans l’histoire calédonienne, cet acte s’inscrit dans une fracture mémorielle encore vive.
Indignation et enquête en cours
Une nouvelle fois, la mémoire du leader historique loyaliste est visée. La tombe de Jacques Lafleur, située au cimetière du 4ème kilomètre, aurait été profanée : un tee-shirt accroché à l’une des colonnes et un excrément déposé à côté du monument familial. Une enquête est actuellement en cours pour identifier les auteurs de ce geste odieux. Cet acte, survenant dans un climat politique tendu, suscite une vive émotion. Ce n’est pas la première atteinte à la mémoire de l’ancien président du RPCR, une stèle en son hommage à Ouaco avait déjà été endommagée en 2014 avant d’être détruite en 2019.
D’une lignée influente à un leadership local
Né à Nouméa en 1932, Jacques Lafleur succède à son père Henri, figure politique calédonienne, à la tête de la mouvance loyaliste anti-indépendantiste. Après des études de droit à Paris, il revient s’investir dans les affaires familiales et le domaine de Ouaco. Il cofonde l’Entente démocratique et sociale en 1977, puis le RPCR, devenant la voix principale des loyalistes face au FLNKS. Il sera député de 1978 à 2007 et président de la province Sud de 1989 à 2004.
Les accords de Matignon (1988) : un tournant vers la paix
En 1988, dans un contexte de violences graves, notamment la prise d’otages d’Ouvéa, Jacques Lafleur signe avec Jean-Marie Tjibaou les accords de Matignon, sous l’égide de Michel Rocard. La poignée de main entre les deux hommes symbolise le fragile retour à la paix. Les accords d’Oudinot qui suivent précisent la réorganisation en trois provinces, l’amnistie des acteurs du conflit et la limitation du corps électoral.
Vers l’accord de Nouméa (1998) : une refondation institutionnelle
Dix ans plus tard, il est co-signataire de l’accord de Nouméa avec les indépendantistes. Approuvé par 72 % des votants, cet accord instaure un partage des responsabilités, tout en maintenant la Nouvelle‑Calédonie dans la République française.
Une figure incontournable
Jacques Lafleur demeure une figure centrale de l’histoire politique calédonienne. Entre pragmatisme et autorité, il a marqué de son empreinte la trajectoire institutionnelle du territoire. Les profanations récentes rappellent que son héritage, comme les divisions qu’il a tenté d’apaiser, reste au cœur des tensions contemporaines.