Sous un ciel d’Écosse chargé de tensions, un roi tombe sous les coups d’un proche.
Ce drame médiéval, gravé dans le sang et la pierre, deviendra une légende mondiale.
Un meurtre qui bouleverse l’Écosse du XIᵉ siècle
Le 14 août 1040, en un lieu appelé Bothgowanan, le roi Duncan Ier d’Écosse est assassiné par un membre de sa propre famille : Macbeth, guerrier redouté. Cette exécution, loin d’être un simple règlement de comptes, bouleverse l’équilibre des clans. En prenant la couronne, Macbeth ouvre une ère de tensions où la loyauté n’est qu’une façade et où la force prime sur le droit.
Les deux fils de Duncan, contraints à l’exil, trouvent refuge auprès du roi d’Angleterre Édouard le Confesseur. Pendant près de dix-sept ans, ils nourrissent leur vengeance. Macbeth, lui, consolide son pouvoir en s’appuyant sur une noblesse partagée entre crainte et opportunisme. Mais, en 1056, à Dunsinnan, ses armées sont vaincues. L’année suivante, traqué jusqu’à Lumphanan, il est tué par ses ennemis. Malcolm III, héritier légitime, reprend enfin le trône.
Un roi historique transformé en mythe sanglant
Si l’histoire aurait pu sombrer dans l’oubli, William Shakespeare la ressuscite au XVIIᵉ siècle. Dans sa tragédie Macbeth (1606), il amplifie la noirceur du personnage : ambition dévorante, crimes répétés, spirale de folie. L’œuvre s’appuie sur des sources médiévales comme les chroniques de Raphael Holinshed ou celles d’Hector Boece, qui romancent et déforment la réalité historique.
Shakespeare popularise aussi les titres de thane de Cawdor et de thane de Glamis, attribués à Macbeth malgré l’absence de preuves historiques. Son épouse, Lady Macbeth, est dépeinte comme l’âme machiavélique de ce règne sanglant. Ensemble, ils deviennent les symboles intemporels du pouvoir obtenu par le crime et de la damnation qui s’ensuit.
La pièce écossaise et sa légende noire au théâtre
Au-delà de l’histoire, Macbeth est devenue la “pièce maudite” du théâtre anglais. Les comédiens refusent souvent de prononcer son nom sur scène, lui préférant l’expression “la pièce écossaise”. La superstition serait née dès la première représentation : un véritable poignard utilisé comme accessoire aurait mortellement blessé un acteur.
Depuis, les incidents se succèdent : acteurs blessés, spectateurs frappés de malaises, accidents techniques inexpliqués. En 1937, Laurence Olivier lui-même voit son épée se briser, et ses éclats atteindre un spectateur qui succombe à une crise cardiaque. La pièce, courte mais intense, regorge de motifs sombres : sorcières prophétiques, présages funestes, oiseaux nocturnes… autant d’éléments qui nourrissent la croyance en sa malédiction.
Malgré – ou à cause – de cette réputation, Macbeth attire toujours le public. Des théâtres anglais aux scènes françaises, en passant par Broadway, la tragédie continue de séduire par sa tension dramatique et son aura mystérieuse. Et chaque représentation semble raviver ce pacte implicite entre l’histoire sanglante de l’Écosse et l’imaginaire universel de la peur.