Deux millénaires après sa vie terrestre, Marie, mère de Jésus, continue de rassembler les foules. Chaque 15 août, l’Assomption unit ferveur populaire et tradition religieuse dans un rituel profondément ancré en France.
Des racines bibliques à la fête nationale
Selon une tradition ancienne, Marie aurait terminé sa vie à Éphèse, en Asie mineure, aux côtés de l’apôtre Jean. Sa maison, aujourd’hui encore lieu de pèlerinage, attire fidèles et curieux. Dès le concile d’Éphèse, en 431, l’Église commémore sa montée au ciel, appelée Assomption chez les catholiques et Dormition chez les orthodoxes.
En France, la date prend une dimension historique sous Louis XIII : en 1638, par vœu solennel, le roi consacre le royaume à la Vierge, promettant de célébrer chaque 15 août si un héritier lui naît. Le vœu est exaucé : naît alors Louis XIV. Abolie par la Révolution, la fête est rétablie par Napoléon, qui fixe sa propre date de naissance… au 15 août 1769, renforçant le lien avec cette tradition.
De 1802 à 1880, l’Assomption est fête nationale, avant d’être remplacée par le 14 Juillet. Aujourd’hui, elle demeure un jour férié chômé au même titre que Noël, l’Ascension et la Toussaint.
Un dogme récent pour une croyance ancienne
Si l’Assomption est célébrée depuis les premiers siècles chrétiens, elle ne devient dogme officiel qu’en 1950. Le pape Pie XII, par la constitution apostolique Munificentissimus Deus, affirme que « Marie, une fois achevé le cours de sa vie terrestre, a été assumée corps et âme à la gloire céleste ». Ce texte engage la foi catholique, scellant l’Assomption comme vérité infaillible.
À la différence de l’Ascension — où Jésus s’élève par sa propre puissance — l’Assomption est l’initiative de Dieu, qui élève Marie en récompense de sa mission unique : avoir porté et accompagné son Fils jusqu’à la Croix. Les orthodoxes, eux, privilégient le terme Dormition, affirmant que Marie est passée par la mort avant son entrée au ciel.
Entre foi et enjeux économiques
Chaque 15 août, processions et messes attirent des milliers de fidèles, notamment dans les sanctuaires dédiés à la Vierge. Pour les croyants, Marie transfigurée incarne l’espérance d’une vie éternelle promise à tous les baptisés.
Mais au-delà du religieux, le 15 août est aussi une question économique. En Nouvelle-Calédonie comme en métropole, le MEDEF-NC rappelle que le choix des jours fériés répond d’abord à des impératifs d’activité. Leurs dates ne sont pas retenues pour leur symbolique, mais pour leur compatibilité avec le calendrier des autres jours chômés, afin de limiter l’impact sur les entreprises.
Ainsi, derrière l’image pieuse et les clochers qui sonnent, l’Assomption demeure à la fois un repère spirituel, un héritage historique et… un paramètre de gestion pour le monde du travail.