Éclats de diamants, musique de Lully et faste sans égal : le 17 août 1661, Nicolas Fouquet offrit à Louis XIV une fête grandiose à Vaux-le-Vicomte.
Un enchantement… mais aussi le début de sa chute.
La fête qui éblouit la Cour et le Roi
Le jeune Louis XIV, 23 ans, arrive à Vaux-le-Vicomte entouré de sa mère Anne d’Autriche et de centaines de courtisans. Fouquet, surintendant des Finances, veut marquer les esprits. Tout est prévu : un buffet somptueux servi dans de l’argenterie plus luxueuse que celle du roi, une comédie-ballet de Molière et Lully, des jardins illuminés, un feu d’artifice spectaculaire. Jean de La Fontaine, émerveillé, écrit à son ami Maucroix :
Tout combattit à Vaux pour le plaisir du roi, la musique, les eaux, les étoiles…
Mais derrière la féerie, l’orgueil de Fouquet agace le souverain. Les emblèmes à sa gloire, les écureuils sculptés, les fastes hors de prix financés par les deniers publics… tout cela choque un roi décidé à affirmer son autorité après la mort de Mazarin.
Un faste qui devient une faute
Aux yeux du Roi-Soleil, cette soirée n’est pas seulement un spectacle : c’est une provocation. Fouquet, héritier présomptif de Mazarin, s’est trop enrichi, trop montré. Son luxe est perçu comme un défi direct à la monarchie. L’historien François Bluche rapporte que Louis XIV songea à l’arrêter sur-le-champ, avant d’être retenu par sa mère au nom de l’hospitalité. Mais la décision est prise : Fouquet paiera son audace. Derrière les danses et les feux d’artifice, la disgrâce se prépare. Trois semaines plus tard, le 5 septembre 1661 — jour de l’anniversaire du roi — à Nantes, d’Artagnan reçoit l’ordre de procéder à son arrestation.
La nuit qui scella le destin de Fouquet
Ce qui devait sceller sa gloire scella sa chute. Le 17 août 1661 restera comme la plus belle fête du Grand Siècle, mais aussi comme l’erreur fatale de Nicolas Fouquet. Emprisonné à vie à Pignerol, il méditera sans doute sur cette soirée où il crut séduire le roi et où, au contraire, il précipita sa perte. Aujourd’hui encore, Vaux-le-Vicomte, chef-d’œuvre de Le Brun, Le Vau et Le Nôtre, rappelle que le génie artistique peut survivre aux ambitions démesurées. Si le roi fut jaloux, l’histoire, elle, a retenu la magnificence.