Un front indépendantiste divisé, un accord en suspens. À Nouville, l’UNI a choisi la pédagogie face aux crispations du FLNKS.
L’accord de Bougival, ligne de fracture du camp indépendantiste
Le samedi 9 août, le FLNKS radicalisé a officiellement rejeté l’accord de Bougival, signé un mois plus tôt en région parisienne. Cette rupture marque un tournant politique majeur : pour l’UC et la CCAT, ce texte n’est qu’un piège, mais pour l’UNI, il représente une opportunité historique de sortie de crise. Les élus de la mouvance Palika et de l’UPM martèlent le même message depuis leur retour de métropole : cet accord est le seul capable de remettre le pays sur ses rails, tant sur le plan institutionnel que sur le plan économique.
Dans les rangs indépendantistes, la ligne de fracture est désormais nette. D’un côté, les ultras de l’UC et de la CCAT, arc-boutés sur une logique de rejet permanent. De l’autre, une UNI qui veut jouer la carte de la raison et du réalisme, quitte à s’émanciper définitivement du FLNKS.
Cet accord est le bon, et il doit être soumis au peuple, répète Jean-Pierre Djaïwé, président du groupe UNI au Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
Une pédagogie assumée à l’Université de la Nouvelle-Calédonie
Ce samedi 16 août, l’UNI a organisé à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, à Nouville, une matinée de présentation et d’échanges sur l’accord de Bougival. Plus d’une centaine de participants venus entendre les signataires de la délégation (Jean-Pierre Djaïwé, Alphonse Digoué), jeunes et moins jeunes, toutes origines confondues, s’étaient déplacés. Loin des slogans creux, la réunion s’est voulue un moment de clarification.
L’objectif affiché : démonter les arguments des adversaires du texte. Beaucoup voulaient s’informer à la source, comprendre ce qui figure réellement dans l’accord et ce qui relève de la caricature. Le public s’est montré attentif, souvent curieux, parfois inquiet. Mais une idée force est ressortie : l’accord de Bougival constitue un pas en avant, là où l’immobilisme ne ferait qu’aggraver le marasme économique.
Jean-Pierre Djaïwé a rappelé que l’accord de Nouméa avait lui aussi été largement critiqué à sa signature, avant d’être présenté aujourd’hui comme un socle incontournable. Pour l’UNI, il n’y a donc aucune contradiction à défendre un texte perfectible mais porteur d’avenir. Le vrai débat, affirme l’élu du Nord, ne doit pas rester confisqué par les états-majors : le peuple doit trancher.
L’UNI mise sur la confiance et rompt avec les ultras
À travers cette séquence politique, une certitude s’impose : l’UNI a définitivement pris ses distances avec le FLNKS tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Pour le parti de Paul Néaoutyine, le front est désormais aux mains des ultras, ceux qui préfèrent la radicalité stérile aux compromis réalistes.
En se plaçant du côté de la transparence et de la pédagogie, le parti indépendantiste modéré trace un chemin singulier : celui de la responsabilité. L’accord de Bougival, qui doit être soumis à référendum en février 2026, est vu comme un test grandeur nature. S’il est validé, il ouvrira la voie à une réorganisation institutionnelle capable de stabiliser la Nouvelle-Calédonie. Dans le cas contraire, le risque est grand de voir se renforcer les tensions et de replonger le pays dans une impasse politique.
Le mouvement politique, à la tête de la province Nord depuis 1999, choisit donc d’assumer le pari de la confiance. Confiance envers l’État, qui a permis la conclusion de l’accord. Confiance envers le peuple calédonien, appelé à juger du texte. Confiance envers ses propres militants, convaincus qu’il vaut mieux avancer avec un accord que sombrer dans le chaos des divisions.
À Nouville, ce 16 août, un signal clair a été envoyé : le temps de la radicalité appartient au passé. Place à la lucidité politique et au courage d’affronter la réalité. Et pour l’UNI, la réalité est simple : l’avenir de la Nouvelle-Calédonie se joue désormais à Bougival.