Cet article est le fruit de la lecture attentive d’une tribune de trois pages envoyée anonymement à la rédaction de La Dépêche de Nouméa. Ce texte, rédigé par de jeunes Calédoniens de tous horizons, revient sur les événements de mai 2024 avec un ton direct, sans filtre, et surtout en rupture avec les récits officiels. Entre accusations de manipulations, dénonciation des violences organisées et critique d’un État absent, cette parole anonyme entend réhabiliter la vérité telle que vécue sur le terrain. En voici un résumé et quelques extraits :
Mai 2024 restera comme l’un des mois les plus sombres de l’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie. Violences coordonnées, quartiers dévastés, absence criante de l’État : le territoire a vécu un traumatisme que certains tentent aujourd’hui de maquiller derrière des récits idéologiques. Pendant que Paris se perdait en débats stériles sur un « soulèvement populaire » ou une « guerre civile imminente », les habitants, eux, ont survécu dans un silence glaçant.
Un mois de chaos planifié
Derrière l’image d’une révolte spontanée, la réalité révèle une organisation méthodique. Des barrages ciblés, des incendies sur des infrastructures vitales, des pillages synchronisés… Rien ne relevait du hasard. Les jeunes, parfois mineurs, ont été envoyés en première ligne, sacrifiés pour servir les objectifs obscurs de réseaux opérant dans l’ombre.
Pendant que Nouméa, Dumbéa, Païta ou le Mont-Dore suffoquaient, les instigateurs restaient invisibles, protégés par un anonymat bien rodé. Cette violence n’avait pas de revendication claire, seulement un plan destructeur.
Les victimes oubliées
Le bilan officiel fait état de quatorze morts. Mais les témoignages évoquent bien plus : décès faute de soins, accouchements sans assistance, blessés jamais pris en charge. Ces drames n’ont pas assez trouvé leur place dans les discours politiques ni dans les cérémonies officielles.
Pourtant, ce sont eux qui racontent la vraie histoire : celle d’une population laissée à elle-même, contrainte de s’organiser pour survivre. Des voisins surveillant les rues, des femmes mettant en place des chaînes d’approvisionnement clandestines… un courage silencieux que les caméras n’ont jamais filmé.
Le mensonge des « milices caldoches »
Dans la bataille médiatique qui a suivi, un récit a été particulièrement toxique : celui des soi-disant « milices caldoches ». Une fiction idéologique, reprise sans preuve, qui a sali l’image d’habitants, toutes origines confondues, ayant simplement défendu leurs familles face au vide sécuritaire.
Parler de milices, c’est occulter la solidarité intercommunautaire qui s’est manifestée, et alimenter les fantasmes d’une guerre civile que la jeunesse calédonienne refuse catégoriquement.
L’État absent, la confiance brisée
Contrairement aux clichés relayés sur une supposée « répression coloniale », la réalité fut celle d’une absence abyssale. Forces de l’ordre débordées dès les premières heures, aucun plan d’urgence apparent, quartiers abandonnés à leur sort.
Ce vide a laissé un goût amer : celui d’une trahison. Quand l’État ne protège plus, il rompt le pacte qui fonde sa légitimité.
Mémoire et manipulation
Personne ne nie les blessures laissées par la colonisation ni les revendications légitimes du peuple kanak. Mais rien ne justifie les incendies d’écoles, l’empêchement d’accoucher ou la privation de soins vitaux. La réforme constitutionnelle, au cœur des tensions, a été instrumentalisée comme prétexte à la violence.
Cette stratégie a brisé encore un peu plus la cohésion fragile du territoire, divisant là où il faudrait rassembler.
La jeunesse exige la vérité
Pour les jeunes Calédoniens, la paix ne viendra pas de l’oubli mais de la vérité. Nommer les responsables, déconstruire les mensonges, reconnaître la détresse vécue : voilà les conditions pour tourner la page.
Leur message est clair : refuser toutes les manipulations politiques, rejeter la violence, construire un projet commun. Kanak, Caldoches, Wallisiens, Asiatiques ou Métropolitains : ils se voient comme une seule communauté, debout face à l’avenir.
Pour que le silence ne tue plus
Mai 2024 n’est pas qu’un souvenir : c’est un avertissement. Tant que les récits mensongers domineront, la haine restera tapie. La vérité ne réparera pas tout, mais elle empêchera le mensonge de devenir la norme.
Aux décideurs et aux médias : écoutez la voix de la Calédonie. Non par compassion, mais par devoir. Car un peuple privé de sa vérité est un peuple condamné à revivre ses drames.
Qu’on partage ou non leur vision, cette parole brute témoigne d’une volonté commune : empêcher que le récit de ces semaines sombres soit écrit à la place de ceux qui les ont vécues.