Deux discours, deux pratiques. Calédonie Ensemble se présente comme le garant de la constance politique, mais, dans les faits, refuse d’assumer les réformes économiques nécessaires.
Bougival : le parti qui revendique la constance
Depuis le 12 juillet et la signature de l’Accord de Bougival, Calédonie Ensemble s’érige en gardien de la parole donnée. Là où certains partis hésitent, tergiversent ou contestent, le mouvement de Philippe Gomès affiche une ligne de conduite claire : pas de reniement, pas de recul.
Dans son communiqué officiel, Calédonie Ensemble a même salué «la constance et le sens des responsabilités», se posant en contrepoint d’une classe politique accusée de versatilité. Une image d’intégrité destinée à rassurer les Calédoniens comme Paris : l’accord signé sera tenu.
Quand l’économie contredit la politique
Mais la façade s’est fissurée. Lors du vote des réformes budgétaires, sociales et fiscales, indispensables pour éviter la faillite des comptes publics, Calédonie Ensemble a refusé d’apporter son soutien.
Ce choix n’est pas anodin : il place le parti dans une posture d’opposition systématique sur l’économie, alors même qu’il se présente comme un acteur central du compromis politique. Comment revendiquer la responsabilité historique de Bougival et, dans le même temps, refuser d’assumer les mesures concrètes qui doivent garantir la stabilité financière du pays ?
Cette attitude relève moins d’une stratégie de constance que d’une forfaiture politique et économique.
Le double discours de Philippe Gomès et de ses troupes
En clair, Calédonie Ensemble tient un discours à Paris et un autre à Nouméa. Aux uns, il explique que l’accord signé engage tous les signataires et qu’il faut tenir la parole donnée. Aux autres, il oppose une abstention critique, se retranchant derrière des considérations électorales pour éviter de porter l’impopularité des réformes.
Ce double langage fragilise la crédibilité du mouvement. Car si l’on peut saluer une constance sur la ligne institutionnelle, que vaut-elle quand elle s’accompagne d’une dérobade économique ? La politique n’est pas qu’affaire de symboles : elle est aussi gestion des comptes, financement des retraites, équilibre social.
En refusant de voter, Calédonie Ensemble laisse aux autres le soin d’assumer la rigueur, tout en préservant son image de parti « responsable ». Une hypocrisie qui n’échappe ni aux Calédoniens, ni aux observateurs métropolitains.
Une posture électoraliste dangereuse pour le pays
Derrière cette contradiction se cache une logique électorale transparente : critiquer aujourd’hui pour récolter demain. Mais le prix de cette tactique, c’est la perte de crédibilité collective. Comment convaincre Paris que la Nouvelle-Calédonie est capable de se gérer si l’un de ses signataires les plus en vue refuse d’assumer les choix économiques ?
En réalité, cette posture affaiblit l’accord de Bougival lui-même. Car un accord institutionnel, sans assise économique solide, n’est qu’une coquille vide. La constance politique ne suffit pas : elle doit s’accompagner d’un courage économique. Or Calédonie Ensemble a choisi l’inverse.
En définitive, le parti de Philippe Gomès n’a pas seulement trahi son communiqué : il a démontré que sa constance proclamée n’était qu’une constance à géométrie variable. Politique d’un côté, électoraliste de l’autre dès qu’il s’agit d’économie.
Et, dans une période aussi décisive pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, cette duplicité peut coûter cher : à la parole donnée, à la confiance des partenaires et, peut-être demain, au pays tout entier.