Les flammes de l’insurrection du 13 mai 2024 brûlent encore la Nouvelle-Calédonie. Et l’USTKE, fer de lance du mouvement, en paie désormais le prix.
Dans la province Nord, les Centres Médico-Sociaux s’effondrent, minés par l’héritage d’une doctrine radicalisée qui a fragilisé tout le système sanitaire.
L’USTKE, du syndicalisme social à l’insurrection du 13 mai
Fondé par Louis Kotra Uregei, l’USTKE fut longtemps un syndicat contestataire mais influent. Après avoir rejoint le Parti travailliste (son bras armé politique), puis s’être arrimée au FLNKS, l’USTKE a basculé, dans une logique ouvertement politique. Le 13 mai 2024, ce choix s’est matérialisé dans la rue : l’USTKE a soutenu, sans ambiguïté, l’insurrection qui a ensanglanté le territoire. Barrages, destructions, agressions : l’organisation a assumé un rôle de bras syndical de la violence indépendantiste. Mais quelques mois plus tard, la présidente Mélanie Atapo a constaté que cette spirale de chaos s’était retournée contre ses propres troupes. Les premiers touchés par les émeutes ont été les travailleurs qu’elle prétend défendre. Un retour de flamme brutal qui fragilise encore aujourd’hui la légitimité du syndicat.
Radicalisation syndicale, effondrement sanitaire
En août 2025, l’USTKE appelle à la grève générale des Centres Médico-Sociaux (CMS) de la province Nord. Officiellement, la revendication porte sur des postes vacants, des congés ignorés, un manque criant de moyens et l’absence de téléconsultation dans les zones reculées. Mais la vérité est plus crue : le désert médical s’est accéléré depuis les violences de mai 2024. Les médecins fuient le Nord et les Îles, incapables de travailler dans un climat d’insécurité chronique. Les provinces indépendantistes, déjà fragilisées financièrement, ne peuvent plus assurer un système de santé digne de ce nom. Le résultat est implacable : les patients du Nord doivent se tourner vers la province Sud, à Bourail ou La Foa. L’idéologie radicale défendue par l’USTKE a fini par miner le quotidien des habitants qu’elle prétendait libérer.
De l’appel à l’aide à l’aveu d’échec
Le préavis de grève du 12 août 2025 résonne comme un aveu d’impuissance. Derrière la rhétorique militante, les revendications traduisent une réalité accablante : sans médecins, sans sécurité et sans financement, les CMS s’écroulent. L’USTKE exige des renforts, un plan d’urgence et une rencontre politique, mais c’est toute sa stratégie qui est en cause. En privilégiant la confrontation, en légitimant la violence, le syndicat a sapé les bases mêmes du service public de santé. La grève du 21 août ne fera qu’aggraver le calvaire des usagers, contraints d’attendre des semaines ou de parcourir des kilomètres pour trouver un médecin. Un paradoxe : le syndicat qui prétend défendre le peuple devient le principal facteur de son abandon.
L’histoire est implacable. En se livrant corps et âme à l’idéologie indépendantiste et en assumant la logique de l’insurrection, l’USTKE a franchi la ligne rouge. Son extrémisme a détruit la confiance, provoqué l’exode des soignants et plongé la province Nord dans une crise sanitaire sans précédent. Le 13 mai 2024 a été son triomphe idéologique. Un an plus tard, c’est son échec politique et social.