C’est un pays meurtri par la crise et un État qui assume ses responsabilités. À Nouméa, l’aide alimentaire change d’échelle grâce à une intervention décisive de Paris.
Une subvention d’urgence pour éviter la rupture sociale
La Banque alimentaire de Nouvelle-Calédonie, dirigée par Betty Levanqué, vivait depuis des mois sous la menace d’une fermeture faute de locaux et de moyens. Alors que la demande explose depuis les émeutes du 13 mai 2024, l’État a choisi d’intervenir massivement. Une convention, signée pour 24 mois, engage 191 millions de francs CFP (1,6 million d’euros). Cet appui permettra de pérenniser les missions, de louer un local en centre-ville et de relancer le café solidaire de la Vallée-du-Tir, qui avait été détruit lors des violences.
Derrière cette enveloppe, c’est la reconnaissance du rôle d’une association qui nourrit chaque semaine plus de 15 000 personnes à travers le territoire, avec un réseau de 80 structures partenaires, 12 écoles et 50 associations relais.
Une demande en forte hausse depuis les émeutes
En 2024, la destruction de 11 500 emplois a aggravé la pauvreté et fait exploser le recours à l’aide alimentaire. En août 2025, ce sont près de 16 900 bénéficiaires réguliers recensés, dont 2 000 enfants scolarisés. La présidente rappelle que l’association vivait essentiellement de dons privés et que les financements se sont taris avec la crise économique.
Grâce à l’intervention de l’État, la Banque alimentaire va pouvoir envisager de nouveaux projets, notamment une antenne à Lifou, qui viendrait compléter celles de Bourail, Koné, Koumac et Poindimié. Une respiration salutaire pour un réseau bénévole qui a résisté, coûte que coûte, à l’effondrement du soutien financier.
Solidarité et reconstruction : l’État en première ligne
Cette aide exceptionnelle s’inscrit dans une stratégie assumée par le ministre des Outre-mer : intervenir au-delà des compétences locales quand la situation sociale l’exige. Après avoir consacré la matinée à la santé, Manuel Valls a placé l’après-midi “sous le signe de la solidarité”, en rappelant que ces mesures ne sont pas des « mesurettes » mais de véritables engagements républicains.
L’objectif est double : répondre immédiatement aux besoins vitaux et préparer la reconstruction de long terme à travers l’accord de Bougival. Car seule une reprise économique solide permettra, demain, de sortir durablement les Calédoniens de la précarité. En attendant, l’État prend sa part et assume, en actes, son rôle de garant de la cohésion nationale.