Un Paris martyrisé, affamé, mais debout face à l’occupant. En août 1944, la capitale s’embrase et écrit l’une des plus grandes pages de l’Histoire de France.
L’insurrection populaire face à l’ennemi
Depuis le 10 août 1944, les grèves paralysent Paris. Les cheminots, suivis par les policiers et les ouvriers, refusent de servir la machine de guerre allemande. Les rues se couvrent d’affiches signées du colonel Rol-Tanguy, appelant à attaquer partout l’ennemi. La capitale vit dans la peur, mais l’espérance gagne du terrain. Barricades, cocktails Molotov, drapeaux tricolores flottant sur la Préfecture de police ! Le peuple de Paris choisit de se lever malgré la menace de représailles.
Le climat est tendu : 20 000 soldats allemands occupent encore la ville. Mais l’étau se desserre. Les combats éclatent dans tous les quartiers, préfigurant l’arrivée des Alliés.
Leclerc, De Gaulle et l’heure décisive
Le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, chef de la 2e DB, refuse de laisser Paris tomber dans le chaos. Sans attendre les ordres américains, il lance ses blindés vers la capitale. Le 24 août au soir, ses chars atteignent enfin le cœur de la ville. Les cloches de Notre-Dame, silencieuses depuis 1940, se remettent à sonner : la Libération est en marche.
Le 25 août 1944 à 15h30, Leclerc reçoit la capitulation de l’ennemi à la Gare Montparnasse. Le général allemand Dietrich von Choltitz signe la reddition, sous le regard du colonel Rol-Tanguy, chef des FFI. Une heure plus tard, Charles de Gaulle fait son entrée triomphale à Paris. À l’Hôtel de Ville, il prononce ses mots historiques :
Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé… mais Paris libéré !
Le prix du sang et la victoire française
La bataille de Paris a coûté cher : près de 1 000 résistants des FFI, 76 soldats de la 2e DB et plus de 3 000 Allemands ont perdu la vie. Des drames marquent cette semaine tragique, comme l’exécution de 35 jeunes résistants livrés à la Gestapo. Mais la victoire efface la peur. Le 26 août, de Gaulle descend les Champs-Élysées devant deux millions de Parisiens en liesse. Le défilé, voulu par lui malgré les risques, scelle l’unité nationale.
Dans un Paris libéré mais encore meurtri, la République retrouve son visage. Pour le Général, l’essentiel est clair : la France s’est libérée par elle-même. Ce choix fondateur marquera l’Histoire et ouvrira la voie à la reconquête du territoire, jusqu’à Strasbourg et au-delà.