La Vallée du Tir a servi ce soir de théâtre à une nouvelle séquence de mobilisation. Une trentaine de militants se sont rassemblés, déterminés à reprendre les mots d’ordre qui avaient embrasé le pays en 2024. L’objectif affiché : bloquer, faire pression, imposer un rapport de force. Officiellement, on parle encore de « paix » et de « dignité » dans les communiqués ou sur les plateaux télé. Dans les faits, le discours est tout autre.
« Une séquence de terrain, une séquence de rapport de force »
L’orateur ne s’en cache pas :
C’est à nous de rentrer dans notre propre séquence. Une séquence de terrain, une séquence de rapport de force.
Pas question de négociations classiques avec l’État :
Ce que l’on veut, c’est pas aller de temps en temps rencontrer les délégués, les représentants de l’État… C’est le rapport de force pour que l’on obtienne ce que l’on veut.
La cible est claire : rejeter les trilatérales voulues par Paris et imposer des bilatérales directes, taillées sur mesure. Le mot d’ordre :
Maîtriser une nouvelle séquence en s’appuyant exclusivement sur notre propre force sur le terrain.
Une minorité radicalisée
Il faut rappeler que ce FLNKS version Tein ne représente pas l’ensemble du peuple kanak. Une majorité silencieuse aspire à la stabilité, au travail et à la sécurité, loin des discours de confrontation. La mobilisation de ce soir illustre surtout la radicalisation d’une frange minoritaire, qui cherche à imposer ses mots d’ordre à toute la population.
Les priorités réelles des Calédoniens
Un sondage publié en juillet l’a clairement montré : pour l’immense majorité des habitants, l’indépendance n’est pas la priorité. 72 % des Calédoniens plaçaient la sécurité en tête de leurs préoccupations, 68 % citaient le coût de la vie, et 64 % l’emploi. Quant à la question institutionnelle, elle n’arrivait qu’en sixième position, citée par à peine 28 % des sondés. Des chiffres qui rappellent une évidence : la population veut d’abord vivre en paix, travailler et reconstruire, pas suivre des appels à la confrontation permanente.
De la mobilisation pacifique à la confrontation
Ce discours tranche radicalement avec le langage policé affiché dans les communiqués. Le 19 août encore, à la veille de l’arrivée de Manuel Valls, le FLNKS parlait officiellement de « mobilisation pacifique ». Mais dès que l’on quitte les caméras pour écouter la base, le ton change : il ne s’agit plus de paix, mais de préparation, d’organisation et de rapport de force.
Le message est limpide : la paix est conditionnelle. Elle n’est pas partagée, elle est contrôlée. Et à tout moment, elle peut être suspendue si le rapport de force ne convient plus.
Une mise en scène qui sonne creux
Le contraste est frappant : d’un côté, une trentaine de personnes réunies, quelques drapeaux et des slogans répétés en boucle. De l’autre, des mots martelés pour donner l’illusion d’une puissance populaire. « Séquence de terrain », « manœuvre », « rapport de force » : une rhétorique répétée jusqu’à l’obsession, mais qui masque mal la faiblesse d’une mobilisation réduite.
Le vrai visage : pompier et pyromane
Ce double langage n’est plus un secret. Le FLNKS se présente comme garant de la paix, tout en rappelant qu’il détient aussi la clé de l’embrasement. Comme si la Nouvelle-Calédonie devait rester prisonnière de cet entre-deux : ni paix, ni guerre, mais une tension permanente, entretenue pour peser sur chaque décision politique.
Le peuple kanak mérite mieux que ce jeu d’intimidation. Car une paix authentique ne se conditionne pas, elle se construit. Elle repose sur le respect, le pluralisme et l’égalité de droits.
Aujourd’hui encore, derrière les slogans et les promesses de dignité, le FLNKS de Christian Tein rappelle surtout une chose : ce double discours qui étouffe toute perspective commune. La France, elle, devra tôt ou tard regarder en face cette réalité : on ne construit pas un avenir stable sur la menace permanente.