L’Europe bascule dans l’horreur. Le 1er septembre 1939, à l’aube, les canons allemands crachent le feu : la Pologne est envahie.
L’expansion insatiable du Reich avant l’assaut
Depuis 1938, Adolf Hitler a méthodiquement bâti son empire par la force et le mensonge. L’Anschluss rattache l’Autriche au Reich. Quelques mois plus tard, les accords de Munich livrent les Sudètes à l’Allemagne, avec la lâcheté des grandes démocraties occidentales. En mars 1939, Prague tombe à son tour : la Bohême-Moravie est annexée.
Fort de ces victoires diplomatiques et militaires, Hitler tourne son regard vers l’Est. Son obsession : Dantzig, cité libre à majorité germanophone, et le fameux corridor polonais, cette bande de terre qui sépare la Prusse orientale du reste de l’Allemagne. En avril 1939, il adresse un ultimatum à Varsovie : céder Dantzig et offrir un droit de passage à travers le corridor. La Pologne refuse.
À Londres et Paris, la patience est à bout. Il n’est plus question de céder comme à Munich. Mais si la France et le Royaume-Uni multiplient les avertissements, aucun soldat n’est encore prêt à mourir pour Dantzig. Hitler, lui, prépare déjà son plan.
Le 31 août 1939, une mise en scène macabre est orchestrée à Gliwice : de faux soldats polonais attaquent une station radio allemande. En réalité, des SS grimés et des cadavres de détenus. Le prétexte est trouvé. Le lendemain, à 4 h 45, les blindés franchissent la frontière.
La guerre-éclair contre une armée polonaise débordée
L’invasion est foudroyante. Près de 1,5 million de soldats allemands, appuyés par plus de 2 000 chars et près de 1 000 avions, s’élancent. Face à eux, l’armée polonaise aligne environ 950 000 hommes, courageux mais mal équipés. Ses divisions de cavalerie ne peuvent rien contre les Panzerdivisionen.
Dès les premières heures, la Luftwaffe cloue l’aviation polonaise au sol et détruit ponts, voies ferrées et casernes. La moitié des 42 divisions polonaises n’atteindra jamais le front. Le maréchal Rydz-Śmigły, persuadé que les marais et les montagnes protégeront ses flancs, concentre ses forces dans le corridor. Un mauvais calcul : la Wehrmacht attaque précisément par le nord depuis la Prusse orientale, et par le sud depuis la Slovaquie.
En quelques jours, la Pologne est prise en tenaille. Le 14 septembre, les armées allemandes se rejoignent à l’est de Varsovie. La capitale est encerclée, la chute devient inévitable.
Le 17 septembre, l’ultime coup porté survient. L’Armée rouge envahit la Pologne par l’est, conformément au protocole secret du pacte germano-soviétique signé trois semaines plus tôt. Pour Varsovie, c’est le coup de grâce.
Le 27 septembre, après une résistance héroïque, Varsovie capitule. Le 6 octobre, l’armée polonaise dépose les armes. La Pologne cesse d’exister en tant qu’État souverain.
La réaction française et britannique : tardive et impuissante
Le 3 septembre, deux jours après l’attaque, Londres et Paris déclarent enfin la guerre à l’Allemagne. L’Australie et la Nouvelle-Zélande suivent. Mais cette solidarité reste théorique. La France se contente d’une maigre offensive en Sarre, avant de se retrancher derrière la ligne Maginot. C’est le début de la « drôle de guerre », un immobilisme qui coûtera cher quelques mois plus tard.
Les Polonais, eux, n’ont pas cette option. Le pays est ravagé. Six millions de ses habitants périront durant la guerre, dont environ trois millions de Juifs exterminés. La nation est partagée entre l’Allemagne et l’URSS, deux régimes totalitaires qui se sont alliés pour la détruire.
Pourtant, malgré la défaite, des milliers de soldats polonais parviennent à s’échapper. Ils rejoignent la France, puis Londres, où ils continueront le combat. Pilotes, parachutistes, résistants : leur contribution sera essentielle jusqu’à la libération.
Le 1er septembre 1939 restera comme le jour où l’Europe a basculé dans l’abîme. L’invasion de la Pologne révèle l’avidité sans limite de Hitler et la duplicité criminelle de Staline. Elle révèle aussi la faiblesse des démocraties occidentales, promptes à dénoncer mais lentes à agir.
En sacrifiant la Pologne, l’Allemagne nazie et l’URSS ont mis le feu au continent. La France et le Royaume-Uni, incapables de frapper fort dès 1939, devront bientôt payer le prix de leur attentisme.
Le sang versé en Pologne fut l’annonce de six années de barbarie. Mais il fut aussi le signal d’un combat que les nations libres, malgré leurs divisions, allaient finir par gagner.