Deux ans après la crise sanitaire puis les émeutes de mai 2024, la Nouvelle-Calédonie se heurte à un mur de dettes. Le Congrès s’apprête à examiner un projet de délibération, déposé le 13 août 2025, et visant l’élargissement des missions de l’ARDC pour affronter cette tempête financière.
Une agence née pour la TGC, devenue garante de la survie financière
Créée en 2017, l’Agence pour le remboursement de la dette COVID (ARDC-NC) n’était au départ qu’un outil technique. Sa première mission consistait à collecter les recettes issues du passage à la TGC afin de compenser les entreprises touchées par les taxes à l’importation.
Mais en 2022, son rôle a profondément changé : la Nouvelle-Calédonie lui a confié le remboursement des emprunts contractés auprès de l’AFD pour faire face à la crise sanitaire. Au total, près de 49 milliards de francs CFP avaient été levés entre 2021 et 2022, générant dès 2026 des annuités supérieures à 3,7 milliards CFP.
Depuis, l’agence reverse une partie de la TGC pour couvrir ces charges. Une mécanique lourde, mais indispensable pour éviter le défaut de paiement.
Après la crise, l’État garantit un prêt colossal
La situation s’est encore aggravée avec les émeutes de mai 2024. Pour éviter l’asphyxie économique, Paris a garanti un prêt d’un milliard d’euros (plus de 119 milliards CFP), contracté auprès de l’AFD.
Ce financement exceptionnel vise à soutenir les régimes sociaux, compenser les pertes fiscales, couvrir le déficit d’ENERCAL et stabiliser la trésorerie du territoire. Dès 2025, 94,6 milliards CFP seront mobilisés, entraînant à terme des remboursements annuels de 8,4 milliards CFP. À cela s’ajoutent d’autres emprunts, dont 600 millions CFP prêtés par le Fonds Nickel, à rembourser dès 2025.
Autrement dit, la collectivité repose désormais sur l’endettement. Sans une gestion stricte et une volonté politique ferme, la facture pèsera sur les générations futures.
Des dettes structurelles qu’il faut enfin assumer
Au-delà des crises, le Congrès pourrait choisir d’élargir les missions de l’ARDC. L’agence ne gérerait plus seulement les dettes liées au COVID et aux émeutes, mais l’ensemble des dettes collectives pesant sur les finances publiques.
Cela inclut la dette très lourde du RUAMM (25,14 milliards CFP), conséquence d’un déséquilibre chronique des comptes sociaux, ainsi que la dette énergétique : 20,6 milliards CFP dus à ENERCAL, à étaler dès 2026.
Ce changement s’accompagne d’une nouvelle appellation : Agence pour le Remboursement des Dettes Collectives de la Nouvelle-Calédonie.
Face à des dérives budgétaires répétées, l’heure n’est plus à la victimisation mais à la responsabilité. Les Calédoniens doivent savoir que chaque franc dépensé sans contrôle se traduit demain par un poids supplémentaire sur leur pouvoir d’achat et leurs services publics.