Deux contradictions majeures secouent l’Union calédonienne : dénonciation de l’accord de Bougival et crise interne de leadership.
Une dénonciation virulente contre l’État français
Dans son communiqué du 7 septembre 2025, l’Union calédonienne s’en prend frontalement à Manuel Valls, qualifié de « prestidigitateur colonial au service de la macronie ». Le mouvement accuse l’État d’avoir orchestré une manipulation politique lors du conclave de Deva en mai et des discussions de Bougival en juillet. Selon l’UC, les indépendantistes auraient été poussés à signer un texte ambigu, rapidement transformé en “Accord de Bougival” et publié au Journal Officiel, alors même que le FLNKS a officiellement rejeté le projet le 13 août.
L’UC dénonce « un texte dont les signataires sont inconnus » et accuse la France de vouloir imposer une solution contraire à l’esprit de l’accord de Nouméa. Le communiqué appelle même la communauté internationale à “surveiller de près la situation” et à soutenir le peuple kanak.
Oui, des cadres UC ont signé Bougival
Cette ligne de défense soulève une première contradiction majeure. Car si l’UC parle aujourd’hui de signataires “inconnus”, la réalité est claire : plusieurs de ses responsables de tout premier plan ont bel et bien signé l’accord de Bougival le 12 juillet 2025. Parmi eux :
Emmanuel Tjibaou, président de l’Union calédonienne et député,
Roch Wamytan, figure historique du FLNKS et président du Congrès,
Mickaël Forrest, vice-président de l’UC,
Omayra Naisseline (UC et LKS – Dynamik autochtone),
Aloisio Sako (RDO, allié du FLNKS).
En d’autres termes, l’UC a bien été partie prenante des discussions et de la signature. Ce n’est qu’ensuite, lors de son bureau politique puis lors du comité directeur du FLNKS le 13 août, que le parti a rejeté en bloc le texte, jugeant le projet incompatible avec la lutte pour l’autodétermination.
Une absence remarquée en interne
La seconde contradiction est interne. Alors que l’UC critique l’absence de transparence des signataires de Bougival, ses propres communiqués ne sont plus validés par son président. Emmanuel Tjibaou, qui a pourtant signé l’accord, n’apparaît plus dans les documents officiels du mouvement. C’est désormais le secrétaire général Dominique Fochi qui appose seul sa signature, comme dans le communiqué du 7 septembre.
Une situation qui interroge : crise de gouvernance ? stratégie de retrait ? divergences profondes sur la ligne politique ? L’absence du président nourrit l’idée d’un malaise interne, accentué par le fossé entre les engagements pris à Bougival et le rejet ultérieur.
L’UC fragilisée par ses contradictions
En dénonçant un accord « sans signataires clairs » alors que ses propres dirigeants l’ont signé, et en publiant des communiqués sans l’appui visible de son président, l’UC s’expose à une perte de cohérence politique. Ce double décalage fragilise son autorité, affaiblit son discours d’opposition et alimente l’idée que le mouvement indépendantiste traverse une zone de turbulences internes.
La question devient dès lors incontournable : qui parle réellement au nom de l’Union calédonienne aujourd’hui ?