Un peuple menacé par un danger silencieux. Une société minée par l’explosion de l’obésité chronique, conséquence directe d’un système alimentaire dérégulé et d’une publicité agressive.
Face à cette situation, le CESE-NC relaie la voix des citoyens : Stop à la malbouffe qui gangrène la Nouvelle-Calédonie.
Malbouffe : une bombe sanitaire à retardement
La réalité est brutale : 38 % des adultes et près de 40 % des adolescents en Nouvelle-Calédonie souffrent de surpoids ou d’obésité, selon le Baromètre Santé Adulte 2021-2022. Ce chiffre illustre l’ampleur d’une crise sanitaire invisible mais dévastatrice.
Les responsables sont connus : les aliments ultra-transformés, souvent classés Nutri-Score D ou E. Vendus à prix cassés, proposés en lots 2 + 1, mis en avant en tête de gondole, ces produits séduisent par leur accessibilité apparente mais détruisent la santé publique. Le résultat est sans appel : explosion du diabète, maladies cardiovasculaires, hypertension, cancers.
La malbouffe n’est pas un concept vague. Forgé en 1951, le terme désigne tout aliment pauvre en nutriments mais saturé de sucres, de graisses, de sel et d’additifs. Des chips aux donuts, des nuggets aux sodas, la liste est interminable et omniprésente dans nos foyers.
Des stratégies commerciales qui piègent les plus fragiles
La vérité dérange, mais elle doit être dite : les grandes enseignes ciblent en priorité les enfants et les ménages modestes. Publicités colorées, mascottes souriantes, spots aux heures de grande écoute, slogans simplistes : tout est conçu pour séduire les plus jeunes et capter les populations vulnérables.
En métropole comme en Calédonie, les rayons regorgent de promotions agressives sur des produits nocifs, tandis que les fruits et légumes frais peinent à trouver leur place dans les paniers. Résultat : la malbouffe s’impose comme le quotidien des familles, parce qu’elle est moins chère et plus accessible.
Ce n’est pas une fatalité, mais une stratégie. L’industrie agroalimentaire sait qu’il est plus rentable de vendre du sucre raffiné et de l’huile de palme que des tomates locales. Et tant pis pour la santé des Calédoniens.
Autorégulation : un échec cuisant, place à la loi
Depuis des décennies, on invoque la responsabilité individuelle : « Mangez cinq fruits et légumes par jour », « Évitez de grignoter ». Des messages louables mais dérisoires face à un environnement saturé de malbouffe bon marché. L’autorégulation est un échec total.
Les exemples étrangers sont clairs : au Chili, la restriction des publicités pour les aliments malsains a fait reculer la consommation de sodas et de snacks industriels. En France, l’étiquetage obligatoire (Nutri-Score) a marqué une première étape, mais reste insuffisant.
En Nouvelle-Calédonie, le CESE-NC appelle désormais à des mesures fortes, portées par la mobilisation citoyenne :
Interdire les publicités et promotions sur les produits Nutri-Score D et E, notamment celles destinées aux enfants.
Réserver au moins 30 % des promotions aux produits bruts et peu transformés : fruits, légumes, légumineuses.
Imposer un étiquetage clair, visible et pédagogique, pour alerter sur le niveau de transformation des aliments.
Mettre en place une fiscalité différenciée : taxer les produits nocifs, subventionner les produits sains et soutenir les circuits courts calédoniens.
La malbouffe n’est pas seulement un choix individuel : c’est une question de civilisation. Accepter que nos enfants grandissent à coups de nuggets, de sodas et de chips, c’est condamner une génération entière à la dépendance alimentaire et à la maladie chronique.
Il ne s’agit pas de culpabiliser les familles, mais de leur donner les moyens de choisir. Et cela passe par des règles collectives. Comme pour le tabac, comme pour l’alcool, seule une intervention légale et économique pourra inverser la tendance.
Les Calédoniens doivent refuser la fatalité. Manger sainement est un droit, pas un luxe. Le combat contre la malbouffe est aussi un combat pour la dignité, pour l’avenir des enfants et pour l’autonomie du pays.