Deux chutes politiques en trois ans, une nomination éclair. Emmanuel Macron a choisi Sébastien Lecornu pour sauver Matignon, après l’humiliation subie par François Bayrou à l’Assemblée.
Lecornu à Matignon : un choix de continuité sous tension
Le 9 septembre, l’Élysée a officialisé la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre. Ancien ministre des Armées, ex-ministre des Outre-mer, il incarne la fidélité au président mais aussi une ligne sécuritaire assumée.
François Bayrou, désavoué par un vote de défiance massif (364 contre, 194 pour), n’aura tenu que quelques semaines à la tête du gouvernement. Sa démission a ouvert la voie à un profil jugé plus solide et mieux armé pour affronter un Parlement éclaté.
Réactions politiques : entre sarcasme et ralliements
Les oppositions n’ont pas tardé à réagir. Pour Marine Le Pen, Macron tire « la dernière cartouche du macronisme » avant une inévitable victoire du RN. Jordan Bardella raille « la devise : on ne change pas une équipe qui perd ».
À gauche, Jean-Luc Mélenchon parle d’une « triste comédie ». À droite, Bruno Retailleau salue « un Premier ministre qui n’est pas socialiste », et appelle à un accord sur « la baisse des dépenses publiques, plus de sécurité, moins d’immigration ».
Dans sa feuille de route, Emmanuel Macron a chargé Lecornu de consulter les forces politiques pour arracher un compromis sur le budget 2026, enjeu crucial pour éviter une nouvelle crise institutionnelle.
Nouvelle-Calédonie : le test Bougival
Pour la Nouvelle-Calédonie, la nomination de Lecornu est loin d’être neutre. Connaisseur du dossier pour avoir mené les discussions lorsqu’il était ministre des Outre-mer, il hérite aujourd’hui du suivi de l’accord de Bougival.
Cet accord doit être traduit dans la Constitution et déboucher sur un référendum en février 2026. Après le rejet du texte par une partie du FLNKS et les tensions persistantes, l’arrivée d’un homme rompu aux dossiers ultramarins envoie un signal clair : le processus engagé devra être poursuivi, coûte que coûte.
Dans un contexte où l’État doit aussi confirmer les aides financières promises (28,6 milliards CFP annoncés récemment), la stabilité politique à Paris conditionne directement la reconstruction et l’avenir institutionnel calédonien.