Un souffle d’air pour les entreprises calédoniennes. Face à la tempête économique, le gouvernement local a choisi l’action directe pour préserver l’emploi et soutenir les salariés.
Mesures exceptionnelles pour sauver l’emploi en Nouvelle-Calédonie
Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge du travail et de l’emploi, a dévoilé deux mesures phares pour éviter une hémorragie sociale et maintenir la cohésion économique du territoire. L’accord, signé avec les partenaires sociaux, s’applique du 1er juillet au 31 décembre 2025. Une période décisive, où chaque décision pèsera sur la survie des entreprises et la confiance des salariés.
La première mesure est une allocation exceptionnelle de maintien dans l’emploi. Elle permet de soutenir directement les entreprises contraintes de réduire temporairement leur activité. En clair, quand une société subit une baisse d’activité de 30 % de son chiffre d’affaires ou une explosion de créances irrécouvrables de 20 %, l’exécutif local intervient pour préserver les contrats. Les salariés concernés touchent une indemnité horaire équivalente à 100 % du SMG horaire (déduction faite de la contribution de solidarité).
La seconde mesure est un fonds emploi, destiné à encourager l’embauche durable de demandeurs d’emploi. Les entreprises qui recrutent sur plus de six mois bénéficient d’une réduction dégressive de charges patronales, avec remboursement assuré par la CAFAT. Ce mécanisme permet de relancer la machine économique et d’inciter les employeurs à parier sur l’avenir.
Une réponse ferme aux difficultés économiques
Depuis les exactions de mai 2024, le tissu économique calédonien reste fragilisé. Les blocages, les pertes d’exploitation et l’insécurité ont laissé des traces. Beaucoup de petites et moyennes entreprises, déjà éprouvées par les crises successives, ont vu leur trésorerie fondre. La réponse du gouvernement se veut claire : pas question d’abandonner les entrepreneurs et leurs salariés.
L’allocation exceptionnelle cible les entreprises réellement impactées : celles ayant eu recours au chômage partiel entre mai et juin 2025, ou celles confrontées à des intempéries exceptionnelles, des sinistres, des difficultés d’approvisionnement ou encore une restructuration nécessaire. Dans tous les cas, la condition reste la même : prouver la baisse d’activité et démontrer la gravité de la situation financière.
Les instances représentatives du personnel doivent être consultées. Le comité d’entreprise ou les délégués du personnel doivent valider la demande, preuve que le dialogue social est respecté. Mais l’objectif demeure : garantir que les aides profitent bien aux salariés, et non à des structures opportunistes.
Un dispositif protecteur mais encadré
Les règles sont strictes :
Les salariés en congés annuels, en arrêt maladie de longue durée ou en congé maternité ne sont pas éligibles.
Les heures indemnisées sont plafonnées à 125 heures par mois et 1 500 heures par an.
Pour les temps partiels, l’aide couvre 74 % du temps de travail contractuel, le reste étant à la charge de l’employeur.
Le versement est encadré par la CAFAT. Les entreprises avancent les indemnités, puis se font rembourser. En cas de liquidation ou de redressement judiciaire, la CAFAT peut verser directement les aides aux salariés. Cette souplesse évite de laisser des familles sans revenu en période de crise.
De son côté, le fonds emploi exige que les recrutements soient déclarés, validés et encadrés. Pas question d’en faire un outil de détournement : l’embauche doit concerner de véritables demandeurs d’emploi inscrits dans une structure provinciale. La réduction de charges ne s’applique pas à un ancien salarié réembauché dans les trois mois.
Ce dispositif incarne une politique pragmatique et protectrice, loin des discours victimaires. Il ne s’agit pas de subventionner sans contrôle, mais de protéger le travail et l’effort, en évitant que des salariés basculent dans l’assistanat.
Le gouvernement néo-calédonien a choisi une voie claire : aider ceux qui travaillent, sauver ceux qui entreprennent, encadrer ceux qui abusent. C’est une ligne de fermeté qui rappelle une vérité simple : la prospérité collective ne peut exister sans entreprises solides et sans salariés engagés.
Ces mesures exceptionnelles de maintien dans l’emploi sont limitées dans le temps, justement pour éviter l’illusion d’un revenu artificiel permanent. Elles permettent aux entreprises de souffler, mais les obligent aussi à se réorganiser et à préparer l’avenir. C’est l’essence même d’une politique de responsabilité : donner un filet de sécurité mais pas une dépendance éternelle.
La Nouvelle-Calédonie traverse une épreuve économique et sociale. Mais avec des dispositifs comme celui-ci, elle démontre sa capacité à défendre ses forces vives. Le travail reste la meilleure arme contre la crise.