Le 13 septembre 1515, la France s’impose par les armes et impose son prestige. François Ier, jeune roi fougueux, entre de plain-pied dans l’Histoire à Marignan.
Un roi de vingt ans décidé à marquer son époque
À peine monté sur le trône en janvier 1515, François Ier revendique l’héritage italien de sa lignée. Son arrière-grand-mère, Valentine Visconti, lui donne un droit incontestable au duché de Milan. Mais l’Italie n’est pas une promenade de santé : le pape Léon X, le duc Massimiliano Sforza et les redoutables Suisses s’opposent à lui.
Loin d’hésiter, le jeune souverain galvanise la noblesse française. Il entraîne derrière lui des capitaines de renom comme le connétable de Bourbon, La Trémoille, La Palice ou le légendaire chevalier Bayard, “sans peur et sans reproche”. La France aligne 60 000 hommes et 60 canons de bronze. Une armée moderne, disciplinée, résolue à franchir les Alpes coûte que coûte.
Au mois d’août, François Ier accomplit l’exploit stratégique du passage du col de l’Argentière. Personne ne l’attendait si tôt dans la plaine du Pô. À Marignan, près de Milan, l’histoire s’apprête à basculer.
Deux jours de fureur : les Suisses brisés
Le 13 septembre, 35 000 mercenaires suisses, réputés invincibles, fondent sur les Français. Le premier choc est brutal : la cavalerie est dispersée, l’artillerie menacée. François Ier, loin de rester spectateur, monte en première ligne. À la tête de 200 cavaliers, il contre-attaque avec une audace rare pour un roi. La lutte est acharnée, se prolonge jusqu’à la nuit, sous la lune qui éclaire les cadavres tombés dans la boue lombarde.
À l’aube du 14 septembre, les Suisses reprennent l’offensive. L’issue semble compromise. Mais les alliés vénitiens, appelés en urgence, surgissent sur les arrières suisses. Pris en étau, épuisés, les montagnards se replient vers Milan. Le champ est couvert de 14 000 corps suisses. En deux jours, 16 000 morts jonchent la plaine, un massacre comparable aux plus grandes boucheries de l’Antiquité.
Cette hécatombe n’est pas seulement une victoire militaire : elle marque une rupture tactique. L’artillerie française, maniée avec discipline, écrase les carrés suisses. C’est le signe avant-coureur des guerres modernes.
Marignan, naissance d’un roi conquérant
Le retentissement est immense. Partout en Europe, la gloire de François Ier rayonne. En France, une légende se forge : le roi aurait été adoubé chevalier sur le champ de bataille par Bayard lui-même. Propagande ou réalité, peu importe : la monarchie française se pare d’une auréole de bravoure et de prestige.
Les conséquences diplomatiques sont immédiates. Le pape Léon X reconnaît François Ier comme duc de Milan, de Parme et de Plaisance. En 1516, le concordat de Bologne place l’Église de France sous l’autorité royale : une victoire politique qui scelle la grandeur capétienne. Dans la foulée, une paix perpétuelle est conclue avec les cantons suisses. Ironie de l’histoire : ces mêmes Suisses, jadis ennemis farouches, deviennent mercenaires au service des rois de France jusqu’à la Révolution.
Certes, la gloire de Marignan sera ternie dix ans plus tard par la défaite de Pavie. Mais en septembre 1515, François Ier, jeune monarque de vingt ans à peine, impose son nom à l’Histoire. Marignan reste la bataille qui fit entrer la France dans la modernité militaire, et le roi dans la mémoire nationale.