Le gouvernement français vient d’acter la prolongation de l’autorisation d’Air Alizé jusqu’au 31 août 2030. Cette compagnie locale, opérant depuis Nouméa, pourra continuer d’assurer des liaisons essentielles entre la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et la Polynésie française. Une décision réglementaire qui confirme l’importance de ces dessertes dans l’équilibre du transport aérien régional.
Une décision ministérielle qui sécurise l’avenir
L’arrêté du 28 août 2025, signé par le ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, modifie l’arrêté fondateur du 9 juillet 2012. L’article 2 est réécrit : il confirme qu’Air Alizé, déjà titulaire d’une licence d’exploitation renouvelée par le gouvernement calédonien en décembre 2022, peut prolonger ses activités pour cinq années supplémentaires. Cette validation jusqu’au 31 août 2030 offre une visibilité rare pour un acteur, souvent jugé fragile mais néanmoins indispensable dans l’arc polynésien.
La mesure s’inscrit dans le cadre juridique de la loi organique du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie et du Code des transports. Elle illustre le rôle conjoint de l’État et du gouvernement local dans la régulation des dessertes aériennes, domaine où l’équilibre entre intérêt public et libre concurrence reste sensible.
Un rôle vital pour la continuité territoriale
Fondée en 1996, Air Alizé s’est imposée comme un pilier du transport aérien calédonien. Basée sur l’aérodrome de Nouméa-Magenta, la compagnie détient un certificat de transporteur aérien français (n° FRA.AOC.0094) et une certification australienne (n° CASA.129.AOC.0067). Elle a également obtenu une distinction internationale prestigieuse délivrée par l’International Business Aviation Council (IS-BAO n° 140005), gage de sérieux et de conformité aux standards mondiaux.
Air Alizé, aussi connue sous son nom commercial Locavia Nouméa, assure des vols dits « non réguliers » : fret, courrier, passagers. Ces services ne doivent pas concurrencer frontalement les lignes régulières, mais ils comblent des manques criants dans l’accessibilité de certains territoires. Entre Nouméa, Wallis-et-Futuna et Tahiti, les distances sont immenses, et chaque liaison devient une bouée de sauvetage économique et humaine.
Les acteurs économiques, notamment les petites entreprises exportatrices, dépendent de cette flexibilité. De même, le courrier et le fret médical bénéficient directement de ces autorisations exceptionnelles. Sans Air Alizé, nombre de flux resteraient suspendus aux seules lignes régulières, souvent saturées et inadaptées.
Un équilibre entre desserte locale et protection des majors
La précision de l’arrêté n’est pas anodine : ces vols non réguliers ne doivent pas devenir des « séries systématiques » qui viendraient fragiliser les services réguliers opérés par Aircalin ou d’autres transporteurs. L’État cherche à maintenir un équilibre fragile : offrir une marge de manoeuvre à un petit transporteur tout en protégeant les grandes compagnies qui garantissent la continuité principale.
Cette autorisation confirme la volonté de Paris de maintenir une offre multiple dans la région Pacifique, sans tomber dans l’anarchie aérienne. Elle montre aussi l’importance stratégique de Wallis-et-Futuna, souvent oublié des grands schémas régionaux, mais placé au centre d’un triangle vital entre Nouméa et Papeete.
Avec cette décision, l’État et la Nouvelle-Calédonie confirment que la souveraineté française dans le Pacifique passe aussi par l’aviation. En prolongeant l’autorisation d’Air Alizé jusqu’en 2030, Paris sécurise des flux essentiels de passagers et de fret tout en rappelant que l’organisation du ciel reste une affaire autant politique qu’économique.