À l’heure où le prix du carburant étrangle les ménages, la Nouvelle-Calédonie doit choisir entre immobilisme et modernité.
La Semaine Européenne de la Mobilité 2025 vient rappeler qu’agir, c’est aussi défendre notre liberté de circuler.
Des initiatives concrètes pour passer des discours aux actes
La CCI Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec l’ADEME et l’Agence Calédonienne de l’Énergie (ACE), a choisi la pédagogie et le concret. Projection du documentaire de Jérôme Zindy, matinale sur l’électromobilité, ateliers sur les plans de déplacement en entreprise : tout est pensé pour mobiliser les acteurs économiques et institutionnels. L’écologie est parfois instrumentalisée à des fins idéologiques. Mais elle peut aussi être une opportunité économique et un levier d’indépendance énergétique pour la France dans le Pacifique.
Du 16 au 22 septembre 2025, un challenge d’écomobilité est organisé par l’ACE. Les salariés sont invités à indiquer leurs trajets domicile-travail et à tester le covoiturage, le vélo ou encore les transports en commun. Chaque kilomètre économisé en CO2 devient une victoire collective. Lors de la dernière édition, 28 organisations avaient relevé le défi.
L’institution consulaire propose également le programme “Mon entreprise durable”, gratuit pour cinq sociétés sélectionnées. Objectif : allier responsabilité sociale et compétitivité en intégrant des solutions de mobilité bas carbone.
L’électromobilité : une réponse française aux défis calédoniens
Face à la dépendance totale du territoire aux hydrocarbures importés, la solution ne peut pas être le repli mais l’innovation. Le déploiement massif de bornes de recharge pour véhicules électriques devient incontournable. Il ne s’agit pas d’un gadget, mais d’une infrastructure stratégique, au même titre que le réseau routier ou portuaire.
La mobilité durable, ce n’est pas seulement un discours : c’est la garantie que chaque Calédonien puisse circuler librement, sans être otage de la flambée mondiale des prix du pétrole. Des incitations financières ciblées, comme des aides à l’achat de véhicules électriques ou des tarifs préférentiels de recharge, pourraient accélérer ce basculement.
En 2020, le secteur des transports représentait 612 kilotonnes équivalent CO2 (kteqCO2) soit 15 % des émissions du territoire, juste derrière la mine. Ces chiffres ne peuvent être ignorés. La France a les moyens techniques et les partenaires institutionnels pour accompagner cette mutation. La Nouvelle-Calédonie doit saisir cette chance.
Quand la société civile pousse à l’action
L’Université de la Nouvelle-Calédonie participe activement à cette dynamique. Balades à vélo, initiation au vélo électrique et présentation du projet de piste cyclable de Nouville démontrent que la jeunesse se sent concernée. L’association Droit au vélo Nouvelle-Calédonie réclame d’ailleurs un calendrier clair pour la sécurisation de l’avenue James Cook, enjeu crucial pour des milliers d’étudiants et de riverains.
Dans le même esprit, le Pump Track de Païta accueillera la Journée de l’écomobilité le 20 septembre : ateliers gratuits, bourse aux vélos, formation à la réparation… Autant d’initiatives qui prouvent que la mobilité bas carbone n’est pas une utopie mais une pratique quotidienne.
L’enjeu est triple : améliorer la santé publique grâce à la marche et au vélo, renforcer la sécurité routière en réduisant le trafic automobile, et lutter contre la vie chère en diminuant la facture énergétique des familles. Avec 58 500 véhicules par jour sur la Voie de Dégagement Ouest, Nouméa illustre l’urgence d’un changement.
La Semaine Européenne de la Mobilité 2025 n’est pas une simple opération de communication. C’est un rendez-vous stratégique qui rappelle que la Nouvelle-Calédonie doit s’engager dans la voie de l’écomobilité, non par militantisme mais par pragmatisme républicain.
Réduire la dépendance aux énergies fossiles, développer l’électromobilité, sécuriser les déplacements : ce sont des choix de souveraineté et de liberté. À l’heure où certains prônent la victimisation et l’immobilisme, la CCI, l’ADEME et l’ACE montrent qu’agir, c’est préparer l’avenir.