Les ressources en thon du Pacifique sont encore en bonne santé, mais des menaces persistent. Entre coopération régionale et réalité locale, la Nouvelle-Calédonie illustre bien ce fragile équilibre.
Des stocks de thon encore biologiquement sains
Lors du 54e sommet du Forum des Îles du Pacifique à Honiara, Noan David Pakop, directeur général de l’Agence des Pêches du Forum (FFA), a rappelé que le Pacifique est la seule région au monde où les quatre grands thons – listao, albacore, patudo et germon – restent biologiquement sains.
Les pertes dues à la pêche illégale (IUU fishing) ont chuté de 152 millions de dollars en 2016 à 43 millions en 2021, signe d’une coopération efficace.
En Nouvelle-Calédonie, la filière hauturière repose aussi sur ces espèces : en 2023, environ 2 500 tonnes de thons ont été capturées dans sa ZEE, dont près de 80 % consommés localement. Le thon blanc (albacore) représente à lui seul près des deux tiers des captures, confirmant la dépendance de l’archipel à cette espèce stratégique.
Des bénéfices économiques et sociaux en hausse
Dans le Pacifique, les progrès sont tangibles :
Les flottes membres captent désormais 61 % de la valeur des captures, contre 38 % il y a dix ans.
La transformation locale a presque doublé depuis 2015, dynamisant l’économie insulaire.
Plus de 26 000 emplois dépendent de la filière, en hausse de 19 %.
La Nouvelle-Calédonie partage cette dynamique. Sa flotte palangrière, composée de 16 navires immatriculés localement, affiche des équipages 100 % calédoniens et une certification “pêche responsable”. L’activité génère des centaines d’emplois directs et indirects, tout en renforçant la sécurité alimentaire locale.
Des défis persistants pour l’avenir
Noan David Pakop alerte sur deux menaces :
Le déplacement des stocks lié au climat, qui pourrait priver les États insulaires d’une ressource vitale.
La pêche illégale en haute mer, difficile à contrôler sans moyens technologiques renforcés.
En Nouvelle-Calédonie, les mêmes inquiétudes dominent : dépendance excessive au thon blanc, incertitudes liées aux migrations des stocks et pression croissante des flottes étrangères. Les autorités locales plaident pour davantage de coopération régionale, de surveillance satellitaire et de partage de données afin de préserver leur souveraineté alimentaire et économique.