Une fois de plus, la politique locale a montré ses limites. Ce vendredi 19 septembre 2025, la commission permanente du Congrès s’est réunie à Nouméa. Mais, faute de gouvernement présent, l’essentiel de l’ordre du jour a été vidé de sa substance.
Seul un texte a survécu à ce naufrage institutionnel : celui qui touche à la protection des mineurs, dans le cadre des vacances scolaires et des temps de loisirs.
Une commission permanente bloquée par l’absence du gouvernement
Le 19 septembre, les conseillers de la commission permanente se sont réunis avec pour mission d’examiner plusieurs projets de délibération. Sur le papier, l’agenda devait être dense. En pratique, la séance a tourné court : un seul membre du gouvernement était présent, sur les six initialement prévus pour cette séance, afin de défendre son dossier. Résultat : un seul texte a été examiné et voté, la délibération n° 9/CP du 3 mai 2005, actualisée par le rapport n° 09/GNC du 12 mars 2025.
Cet épisode illustre un dysfonctionnement grave. Comment accepter que des élus locaux, investis de la confiance des citoyens, se présentent au Congrès pour constater… le vide ? La démocratie calédonienne se retrouve encore une fois prise en otage par l’irresponsabilité politique.
Un rapport qui renforce la protection des enfants et des adolescents
Le rapport adopté, bien qu’isolé, n’est pas anodin. Il concerne la protection des mineurs pendant les vacances scolaires et les temps de loisirs, une question centrale dans un territoire où la jeunesse représente plus de 35 % de la population.
Le texte prévoit plusieurs mesures clés :
Renforcement des conditions d’accueil dans les centres de loisirs et colonies de vacances, avec obligation de déclarer toute activité organisée.
Formation accrue des encadrants, pour s’assurer qu’ils disposent des compétences pédagogiques, éducatives et de premiers secours.
Contrôle des structures d’accueil par les services provinciaux et les communes, afin d’éviter les dérives, l’improvisation ou les conditions d’hébergement indignes.
Obligation de transparence sur l’utilisation des financements publics, avec un suivi renforcé des subventions allouées aux associations.
Prise en compte des nouveaux risques liés au contexte actuel : exposition des mineurs à la cybercriminalité, risques de violences intrafamiliales, encadrement strict des activités sportives et culturelles.
L’objectif affiché est clair : garantir que chaque enfant bénéficie d’un cadre sûr, structuré et éducatif lorsqu’il n’est pas à l’école. Le rapport insiste sur la nécessité de protéger la jeunesse « contre toutes formes de négligence et de dérives », et sur le rôle des collectivités dans ce suivi.
Un symbole politique inquiétant pour l’avenir institutionnel
Si l’adoption de ce texte est une victoire pour les familles, le reste de la séance laisse un goût amer. Le Congrès avait prévu d’examiner plusieurs projets législatifs relevant de la compétence du gouvernement. Faute de « ministres » présents, tout a été balayé.
Cette situation interroge. Quel respect du mandat démocratique lorsqu’on déserte l’enceinte législative ? Comment défendre la jeunesse, l’économie ou la sécurité quand l’exécutif se comporte comme si son rôle était facultatif ?
À l’heure où la Nouvelle-Calédonie doit affronter des défis immenses – relance économique, sécurité publique, avenir institutionnel –, ce type d’attitude fragilise encore plus le contrat républicain.
Les Calédoniens méritent mieux. Ils méritent un gouvernement qui assume ses responsabilités, des élus présents, des décisions prises dans l’intérêt général. Le rapport adopté montre la voie : celle d’un État de droit qui protège les plus vulnérables, en l’occurrence les enfants. Mais il souligne aussi le contraste brutal entre ceux qui travaillent… et ceux qui désertent.