Depuis 15 ans, Calédonie Ensemble entretient l’ambiguïté sur le corps électoral, entre silences, renoncements et cynisme politique.
2007 : le silence complice
Il y a des silences qui valent des cris. En Nouvelle-Calédonie, celui de Calédonie Ensemble sur le corps électoral est devenu un fardeau politique. Derrière les discours policés, c’est une stratégie faite d’ambiguïtés, de renoncements et de calculs qui s’étale depuis quinze ans.
Le Congrès pouvait, cette année-là, adresser à Paris un avis défavorable au gel du corps électoral. Cet avis n’est jamais parti. Pourquoi ? Parce que Philippe Gomès, alors président de la Province Sud, a refusé d’ouvrir le débat. Résultat : le gel a été entériné sans contestation locale. Un silence qui valait accord, une complicité par omission qui pèse encore aujourd’hui.
2018–2019 : l’art d’accuser sans agir
Alors que les loyalistes réclamaient la fin d’un corps électoral transitoire, Calédonie Ensemble dénonçait une « manipulation électoraliste ». Le parti accusait les autres de nourrir de faux espoirs pour les 41 000 exclus. Mais quelle solution proposait-il lui-même ? Aucune. La ligne était claire : ne rien assumer, et renvoyer la faute sur ceux qui osaient combattre le gel.
2023–2025 : des promesses conditionnelles au cynisme assumé
Dans ses « propositions de convergences », CE se dit « favorable de très longue date » à l’ouverture du corps électoral aux Calédoniens d’adoption. Mais à condition que ce soit… plus tard, sous critères, et dans le cadre d’un processus institutionnel irréaliste. Même lors du projet de loi constitutionnelle de 2024, le parti a suivi le camp loyaliste, sans jamais porter de bataille claire. Des promesses, toujours, mais sans courage politique.
Le 19 septembre 2025, le Conseil constitutionnel a confirmé que le gel du corps électoral est conforme à la Constitution. Et que fait Calédonie Ensemble ? Un communiqué triomphant, « L’effet boomerang », où le parti se félicite que l’ambiguïté soit levée. Ceux qui espéraient encore voient leur horizon se refermer, pendant que CE choisit de pointer du doigt les autres.
Une ligne constante : l’ambiguïté
Depuis quinze ans, la méthode est immuable :
se taire quand il fallait agir (2007),
accuser sans assumer (2019),
promettre pour demain (2023),
se féliciter du verrouillage (2025).
Toujours afficher une ouverture de principe, mais entériner le gel dans les faits. Résultat : un double discours permanent, qui brouille le message loyaliste, nourrit la défiance et condamne des milliers de citoyens à rester exclus des urnes.
Une responsabilité politique
Il ne s’agit pas ici de désigner des boucs émissaires faciles. Mais de constater une évidence : par ses ambiguïtés et ses calculs, Calédonie Ensemble a contribué à figer durablement le gel du corps électoral. Et dans l’histoire politique calédonienne, ce poids-là restera sur ses épaules.