Chaque don chinois ressemble à un cadeau, mais cache une stratégie implacable. En Océanie, les micro-États fragiles sont devenus des pions sur l’échiquier mondial.
Des dons qui ne sont jamais gratuits
La Chine vient d’offrir près de 43 millions de Fcfp d’équipements policiers au Vanuatu : drones, motos, systèmes de communication. Officiellement, un simple geste d’amitié. En réalité, c’est une étape supplémentaire dans la mainmise progressive de Pékin sur les archipels du Pacifique. Dans ces micro-États fragiles, où chaque cyclone ou crise budgétaire menace l’équilibre, les cadeaux se transforment vite en leviers d’influence.
Port-Vila n’est pas un cas isolé. Routes, bâtiments administratifs, palais présidentiel : Pékin bâtit patiemment un réseau d’obligations financières et politiques. Pour ces pays où chaque million compte, l’argent chinois apparaît comme une bouée de sauvetage… mais il s’accompagne toujours d’un prix caché.
L’Australie marginalisée dans son propre voisinage
L’autre acteur historique de la zone, l’Australie, tente d’exister. Elle négocie des accords de sécurité, promet des financements, organise des visites ministérielles. Mais les revers s’accumulent : le fameux « Nakamal Agreement », qui devait sceller une coopération renforcée entre Canberra et Port-Vila, a été reporté. Pendant ce temps, Pékin avance ses pions sans attendre.
Les petites nations océaniennes savent jouer de cette rivalité. Elles exigent plus d’aide, plus de financements, plus d’engagement. Elles s’érigent en arbitres stratégiques, mais au risque de devenir de simples pions dans un jeu qui les dépasse.
La Chine, supermarché de l’influence dans le Pacifique
Chaque don, chaque infrastructure, chaque accord policier est pensé dans une logique globale. Pékin ne « donne » pas : il investit dans l’allégeance. En face, l’Occident peine à s’adapter. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, la France ou les États-Unis multiplient les promesses, mais elles semblent souvent timides face aux moyens déployés par la Chine.
Pour les États insulaires, la tentation est forte : accepter l’argent aujourd’hui et repousser les conséquences à demain. Mais à mesure que les financements s’accumulent, c’est une dépendance structurelle qui s’installe. Et dans un Pacifique où les équilibres géopolitiques sont déjà fragiles, Pékin apparaît désormais comme le supermarché incontournable de l’influence.