Sécurité, armes, pouvoirs élargis : la réforme nationale de la police municipale promet de bouleverser le quotidien. Un tournant explosif pour l’ordre public en Nouvelle-Calédonie.
Un texte attendu pour redonner du pouvoir aux maires
Ce vendredi 26 septembre 2025, la Commission de la législation et de la réglementation générales du Congrès de la Nouvelle-Calédonie examinera un projet de loi nationale sensible : l’extension des prérogatives des polices municipales et des gardes champêtres. Déposé quelques jours avant la chute du gouvernement Bayrou, ce texte est l’héritage du Beauvau des polices municipales, rédigé en concertation avec l’Association des maires de France (AMF).
Dès l’article 1er, les auteurs ont voulu rassurer : les policiers municipaux resteront « sous l’autorité du maire » et en coopération avec les forces de sécurité de l’État. Pas question de marginaliser le rôle central des maires, piliers de la République. Mais derrière cette façade de continuité, le cœur du projet se situe ailleurs : donner une compétence judiciaire élargie aux polices municipales.
Concrètement, les maires pourront choisir de confier à leurs agents la possibilité de constater certains délits : vente à la sauvette, vol, outrage sexiste, usage de stupéfiants, conduite sans permis. Les policiers municipaux pourraient même réaliser des contrôles d’alcoolémie, dresser des procès-verbaux, ordonner la mise en fourrière ou encore restituer des animaux errants. Une avancée majeure pour lutter contre la petite délinquance du quotidien, sous contrôle direct du procureur de la République.
Drones, caméras et armement : une police de proximité modernisée
Autre volet sensible : l’équipement. Le texte prévoit l’expérimentation des drones pour sécuriser les manifestations sportives et culturelles, réguler les flux de transport ou protéger des bâtiments exposés. Les abus seront encadrés : il sera strictement interdit de filmer l’intérieur des domiciles. Une mesure qui tranche avec l’angélisme d’hier et prend acte des réalités de terrain.
Les caméras-piétons seront pérennisées pour les gardes champêtres, tandis que leurs conditions d’armement seront alignées sur celles des policiers municipaux. En clair : plus de cohérence et plus de sécurité pour ceux qui, au quotidien, défendent le bon ordre et la tranquillité publique.
Cette évolution s’inscrit dans un climat où les Français réclament plus de sécurité de proximité, et où les maires veulent des moyens concrets pour protéger leurs administrés.
Formation, mutualisation et déontologie : professionnaliser les effectifs
Le texte ne se contente pas d’accorder de nouveaux pouvoirs. Il mise aussi sur une montée en compétence. La formation des policiers municipaux restera confiée au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CNFPT), écartant l’idée d’une école nationale séparée, jugée inutile et coûteuse.
Par ailleurs, les communes et intercommunalités pourront mutualiser leurs effectifs, voire recourir à des assistants temporaires de police municipale lors de grands événements. De quoi renforcer la présence sur le terrain lors des catastrophes, des pics de tension ou des afflux de population.
Enfin, le projet prévoit un code de déontologie applicable aussi aux gardes champêtres. Car donner plus de pouvoirs, c’est aussi exiger plus de rigueur et d’exemplarité.
Ce projet de loi examiné par les élus du Boulevard Vauban devra encore franchir l’épreuve parlementaire, même s’il bénéficie d’un consensus relatif : toutes les options restent entre les mains des maires. Pas d’obligation, mais des outils supplémentaires pour ceux qui veulent agir. Reste à savoir si le nouveau locataire de Matignon aura le courage de reprendre le texte et de l’assumer politiquement, à quelques mois des municipales.
Une chose est sûre : face à la délinquance du quotidien, les Français n’attendent plus des discours, mais des actes. Et ce projet pourrait bien être une réponse concrète.