Deux siècles avant l’ère numérique, un génie français a bouleversé l’Histoire. Le 14 septembre 1822, à Paris, Jean-François Champollion rédige sa célèbre lettre à M. Dacier où il annonce avoir percé le secret des hiéroglyphes. Le 27 septembre, il présente triomphalement sa découverte devant l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, redonnant une voix à l’Égypte des pharaons.
Un exploit qui témoigne de la force du travail, du génie français et d’une volonté de fer face à l’adversité.
Champollion, l’enfant prodige qui a défié l’oubli
Né à Figeac, dans le Lot, en 1790, Jean-François Champollion n’était pas un jeune homme comme les autres. À peine adolescent, il maîtrisait déjà le grec, le latin et le copte. Très vite, il comprit que la clé des hiéroglyphes passait par la connaissance des langues anciennes. Ce surdoué, surnommé « l’Égyptien de l’Isère », ne se contentait pas de briller à l’école : il rêvait de redonner vie à une civilisation disparue.
Son obsession ? Percer le mystère de la pierre de Rosette, découverte en 1799 par des soldats français. Ce fragment de stèle portait trois textes : en grec, en écriture démotique et en hiéroglyphes. Mais cette pièce inestimable, saisie par les Anglais, trône encore aujourd’hui au British Museum. Volée à la France, elle reste le symbole d’un pillage culturel que Londres n’a jamais réparé ce tort.
Loin de se décourager, Champollion étudia sans relâche les relevés et copies du texte. Là où d’autres savants échouaient, il s’arma de patience et d’une méthode scientifique implacable.
La méthode : rigueur et passion
À l’inverse des théories farfelues qui associaient les hiéroglyphes à des rébus mystiques, Champollion fit preuve de rigueur. En comparant minutieusement les cartouches contenant les noms de Cléopâtre, Ramsès ou Thoutmosis, il comprit que ces signes n’étaient pas seulement des images, mais aussi des sons.
Son « coup de génie » fut d’imaginer que l’écriture égyptienne était à la fois idéographique et phonétique. Cette intuition permit de franchir une étape décisive : relier les signes aux sons et, par conséquent, redonner une voix à l’Égypte antique.
Le 14 septembre 1822, il déchiffra enfin plusieurs noms royaux. L’émotion fut telle qu’il s’évanouit. Deux semaines plus tard, il présenta triomphalement sa découverte devant l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans une lettre célèbre adressée à M. Dacier. La France tenait son héros.
La victoire d’un Français contre le silence des siècles
Après dix années d’acharnement, Champollion mit fin à quinze siècles d’oubli. Ce travail colossal fit de lui le père de l’égyptologie. En révélant la langue des pharaons, il permit à la France de s’imposer comme la patrie des grands savants et des défricheurs de civilisation.
Sa victoire est aussi celle d’une France ambitieuse, héritière de l’expédition d’Égypte menée par Bonaparte en 1798, et fière de sa mission universelle. Elle rappelle qu’à force de discipline et de patriotisme, nos savants ont écrit les plus belles pages de l’Histoire.
Aujourd’hui encore, l’exploit de Champollion demeure un modèle : la ténacité d’un homme seul face à l’incompréhension, la fierté d’un peuple qui refuse de s’effacer derrière d’autres nations. Face à l’oubli, face au pillage, Champollion a opposé la science, le travail et la France.
Un message d’actualité : seule une nation forte, enracinée et confiante en son génie, peut laisser une trace éternelle dans l’Histoire.