Un an après les émeutes, la Nouvelle-Calédonie tente de retrouver une respiration économique.
Les chiffres du 2ᵉ trimestre 2025 dressent un constat sévère : le crédit s’effondre, mais l’épargne résiste.
Les crédits s’effondrent malgré un léger rebond
L’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) le confirme : les crédits accordés aux ménages et aux entreprises calédoniennes s’effondrent. Au 30 juin 2025, l’encours brut des crédits recule de 5,4 % sur un an, soit 62,1 milliards de FCFP envolés. Les entreprises paient le plus lourd tribut (–10,1 %), suivies par les ménages (–6,9 %). Les crédits à l’habitat, habituellement moteurs de la croissance locale, chutent de 24,9 milliards. L’investissement productif des entreprises s’effondre également (–19,6 milliards).
Ce recul, conséquence directe des émeutes du 13 mai 2024 et de la crise de confiance qui a suivi, met en lumière la fragilité d’un tissu économique déjà sous perfusion. Face à cette réalité, les discours lénifiants sur un hypothétique « rebond » paraissent bien déconnectés.
Une épargne qui se recompose autour de placements sécurisés
Si le crédit dégringole, l’épargne des Calédoniens résiste mieux qu’attendu. Les dépôts progressent modestement (+1,4 % sur un an), principalement grâce aux comptes à terme des entreprises (+31,2 %). Les ménages, eux, se détournent des dépôts à vue (–9,7 %) et des livrets ordinaires (–5,8 %) pour privilégier des placements jugés plus sûrs comme l’assurance-vie (+2,2 %) ou les comptes à terme (+4,4 %).
Cette évolution traduit une prudence logique : dans une économie marquée par la violence et l’instabilité, les ménages choisissent la sécurité plutôt que la consommation. C’est un signal clair envoyé aux décideurs : la confiance ne reviendra pas sans autorité ni stabilité politique.
Un système bancaire qui survit grâce à la France
Autre donnée centrale : le déficit structurel entre les dépôts collectés et les crédits octroyés. Au 30 juin 2025, ce déficit s’élève à 272,5 milliards de FCFP, malgré une amélioration par rapport à 2024. Et qui comble ce gouffre ? La France, via l’IEOM, qui apporte 126 milliards de refinancement au système bancaire calédonien. Sans cet appui de l’État et du système monétaire français, la Nouvelle-Calédonie serait tout simplement en cessation de paiements.
Ce rappel dérange certains indépendantistes, mais il est implacable : l’économie calédonienne vit grâce au soutien financier de la République. Ceux qui prônent la rupture oublient volontairement que les banques, les ménages et les entreprises locales dépendent directement de Paris pour respirer.
À l’heure où certains continuent de justifier les violences de mai 2024, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la destruction a plongé la Nouvelle-Calédonie dans un cycle de récession et de défiance. Seule une ligne de fermeté, une restauration de l’autorité de l’État et une politique économique réaliste permettront de redonner confiance aux investisseurs, aux familles et aux entreprises. L’économie calédonienne n’a pas besoin de discours de victimisation, mais de stabilité, de responsabilité et d’un ancrage clair dans la République.