Un officier catholique méprisé par la République anticléricale, mais aussi un stratège qui sauva l’honneur et assura la victoire de la France en 1918.
Un officier brillant freiné par son catholicisme
Né à Tarbes en 1851, Ferdinand Foch incarne le modèle du soldat discipliné, formé chez les Jésuites et à l’École Polytechnique. Dès ses premières années, il se distingue comme un brillant officier d’artillerie. Mais dans une République minée par l’anticléricalisme, sa foi catholique, affichée sans détour, freine sa carrière. On lui reproche même le choix de son frère, devenu jésuite. Ce handicap n’empêche pas Foch d’être nommé en 1907 commandant de l’École de guerre, où il marque toute une génération d’officiers par sa rigueur intellectuelle et sa conviction que seule l’offensive peut assurer la victoire.
Quand éclate la Première Guerre mondiale, Foch commande le XXe corps d’armée à Nancy. Ses premières décisions à Morhange en août 1914 furent marquées par des erreurs sanglantes. Mais contrairement à d’autres, il n’abandonne jamais. Son énergie et sa ténacité lui permettent de se racheter lors de la bataille de la Marne, où il illustre sa célèbre maxime :
Ma droite recule, ma gauche est menacée, mon centre est enfoncé : situation excellente. J’attaque.
Cette formule résume toute sa conception du combat : ne jamais subir, toujours reprendre l’initiative.
L’homme du sursaut national
Les années 1915 et 1916 ternissent sa réputation. Les pertes immenses lors des offensives d’Artois et de la Somme alimentent les critiques. Relégué à des fonctions subalternes, il semble définitivement écarté du commandement. Mais le chaos du printemps 1918 change tout. L’Allemagne lance son ultime offensive et les armées alliées reculent. La France est menacée d’effondrement. Georges Clemenceau, malgré leurs divergences religieuses, comprend que seul Foch a l’autorité et la volonté de tenir. Le 26 mars 1918, à Doullens, il devient généralissime des troupes alliées, avec autorité sur Haig et Pétain.
Ce choix est décisif. Foch impose sa ligne : frapper sans relâche, concentrer les forces, reprendre l’offensive. Grâce à lui, l’alliance franco-britannique retrouve confiance. C’est sous son commandement que les armées alliées stoppent l’ennemi, renversent la situation et, à partir de juillet, lancent la contre-offensive qui mène à l’armistice du 11 novembre 1918. Sa victoire n’est pas seulement militaire : elle est politique. Elle prouve qu’un chef animé par une foi inébranlable peut sauver la nation, même au bord de l’abîme.
Le maréchal de la victoire et de la France éternelle
Élevé à la dignité de Maréchal de France en août 1918, Foch reçoit également les titres de maréchal britannique et maréchal de Pologne. Sa reconnaissance dépasse les frontières, car il symbolise l’unité de l’Occident face à l’impérialisme allemand. Son prestige est tel qu’il est élu en 1918 à l’Académie française, sans même avoir présenté sa candidature. Ses écrits sur la stratégie – Des principes de la guerre et De la conduite de la guerre – deviennent des références pour les écoles militaires.
Le 14 juillet 1919, il défile triomphalement à la tête des troupes alliées sur les Champs-Élysées, lors du grand défilé de la Victoire, image forte d’une France qui relève la tête grâce à son énergie et sa foi dans l’action. Catholique assumé, patriote ardent, il restera jusqu’à sa mort en 1929 l’un des symboles de la France forte et victorieuse, loin des compromissions politiques. Son corps repose aux Invalides, parmi les grands hommes de notre histoire.
Foch incarne à la fois l’héritage militaire de la France, sa résilience dans l’épreuve et l’exigence d’une autorité ferme face au danger. À l’heure où le relativisme et la repentance affaiblissent le récit national, sa figure rappelle que seule une volonté de vaincre, enracinée dans la foi et le patriotisme, peut sauver un peuple.
Le maréchal Foch ne fut pas seulement un stratège : il fut le chef qui fit plier l’Allemagne et restaura l’honneur de la France.