Une oreille sectionnée en pleine bagarre, des agresseurs relâchés aussitôt, et les victimes présumées placées en garde à vue. À Nouméa, ce nouvel épisode de violences a provoqué un choc : pour de nombreux habitants, la justice ne joue plus son rôle et pousse les quartiers à envisager leurs propres moyens d’action.
La brutalité des faits : une agression qui marque
Un auditeur a raconté en direct l’agression de son beau-frère, violemment frappé par un groupe de jeunes :
Ils étaient cinq contre un, ils lui ont carrément coupé une oreille
dénonce-t-il. La scène s’est déroulée devant la fille de la victime. Pour beaucoup, cette violence gratuite illustre la dérive d’une jeunesse livrée à elle-même.
Ce qui indigne encore plus, c’est la suite judiciaire : les auteurs présumés ont été relâchés, pendant que la famille de la victime était, elle, conduite en cellule pour 24 heures après avoir voulu « régler le problème ».
Colère contre la police et la justice
Cette décision a mis le feu aux poudres. Les appels à l’émission traduisent un sentiment général : la loi protège davantage les délinquants que les honnêtes citoyens.
Quand tu tapes un voleur parce que tu en as marre, tu finis en cellule. Quand eux s’attaquent à un père de famille, ils ressortent libres
accuse un intervenant.
La justice, ici, c’est des casiers judiciaires à la place des CV
ironise un autre. Derrière ces paroles, c’est toute la confiance dans l’institution judiciaire qui vacille. Certains auditeurs évoquent une justice « à deux vitesses », où les « petits » payent cash ce que les « gros » esquivent.
La tentation de l’auto-justice
Face à cette impasse, l’idée d’une organisation locale prend de l’ampleur. Plusieurs intervenants proposent de se structurer :
Fais une pétition avec ton quartier, fais respecter ton lieu de vie, qu’ils partent ailleurs
conseille un auditeur. D’autres appellent les « vieux » et les « grands frères » à reprendre la main pour imposer des règles internes.
Ce glissement est inquiétant : la colère pourrait transformer les quartiers en zones d’auto-justice, où chacun se fait juge et bourreau. Une réponse directe au sentiment d’abandon ressenti par nombre de familles.
Entre agressions sauvages, impunité des auteurs et incompréhension face au rôle de la police, la société calédonienne se fissure dangereusement. Si rien ne change, la tentation de se faire justice soi-même risque de devenir la norme. Une dérive explosive qui pose une question simple : jusqu’où ira la patience des citoyens face à une justice jugée inopérante ?