Le principe de l’émission « Coups de gueule » est clair : laisser les Calédoniens exprimer librement leur colère, leurs frustrations et leurs revendications sur les sujets du quotidien. Mais depuis plusieurs semaines, des interventions religieuses hors-sujet perturbent l’antenne. Sermons improvisés, appels à la conversion et prières en direct s’invitent dans le programme. Un détournement qui irrite de plus en plus les auditeurs.
Une émission dévoyée par le prosélytisme
Plusieurs intervenants prennent la parole non pas pour dénoncer un problème concret, mais pour dérouler un discours religieux. Certains récitent des versets, d’autres appellent les auditeurs à « trouver la lumière ».
Ce n’est pas une mosquée ici, c’est une émission pour parler des vrais soucis
grince un auditeur excédé.
On est là pour débattre, pas pour écouter un prêche
ajoute un autre.
Ce glissement du débat citoyen vers le prosélytisme religieux est perçu comme un parasitage du temps d’antenne.
Le rappel au cadre : un « coup de gueule » citoyen, pas un sermon
L’esprit initial du programme est de donner la parole aux habitants sur leurs galères de transport, de logement, de sécurité ou de vie chère. En y injectant des interventions religieuses, certains estiment que l’émission perd son sens.
Un auditeur l’a résumé avec ironie :
Si je veux prier, je vais à la messe et d’ailleurs j’y vais. Mais si je veux gueuler, j’appelle ici
Ce décalage provoque un malaise, d’autant que la liberté d’expression n’autorise pas à détourner l’outil médiatique.
Laïcité et respect du débat public
Ce phénomène soulève une question plus large : faut-il encadrer plus fermement la parole religieuse dans les médias ?
Certains auditeurs appellent à une modération plus stricte :
On ne mélange pas foi et revendications sociales
D’autres rappellent que la laïcité est aussi un principe de respect : chacun croit ce qu’il veut, mais pas au détriment du débat collectif.
La ligne est fine : ne pas censurer les croyances, mais éviter leur instrumentalisation. Un équilibre que les médias devront clarifier.
Les « coups de gueule » sont censés refléter le quotidien des Calédoniens. Or, en laissant la religion envahir l’antenne, c’est tout le sens du débat qui se brouille. Aux responsables de recadrer le cadre : donner la parole, oui ; transformer une émission citoyenne en chaire improvisée, non. Car la force de l’émission réside dans sa mission première : être le miroir des colères, pas un pupitre de sermons.