Une menace plane sur les cocoteraies du Pacifique. Le gouvernement sonne l’alarme après la détection d’un ravageur destructeur à Lifou.
Une détection qui change la donne à Lifou
Vendredi 3 octobre 2025, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a confirmé, par communiqué de presse, la première détection du scarabée rhinocéros du cocotier à Lifou. L’insecte, identifié scientifiquement sous le nom Oryctes rhinoceros, est connu pour ravager les cocotiers et plusieurs espèces de palmiers. Sa présence dans les îles Loyauté marque un tournant préoccupant.
C’est l’association Arbofruits qui a donné l’alerte le 1er octobre, après la découverte d’un spécimen piégé dans la tribu de Mou, district de Lossi. L’identification a été confirmée par le laboratoire d’entomologie appliquée de l’IAC. Cet épisode est le résultat d’une surveillance constante, menée depuis plusieurs années pour empêcher le ravageur de franchir la barrière des îles.
Jusqu’ici, Lifou et l’ensemble des Loyauté étaient considérés comme des zones indemnes. Cette découverte change radicalement la donne. Face au danger, le gouvernement, les provinces, Arbofruits, l’Agence rurale et l’Association néo-calédonienne de biodiversité se sont immédiatement mobilisés. Leur priorité : endiguer l’invasion avant qu’elle ne compromette durablement l’équilibre agricole et environnemental de l’île.
Une mobilisation rapide et coordonnée
Dès l’annonce, des agents de la province des Îles Loyauté, du SIVAP et d’Arbofruits se sont déployés sur le terrain. Leur mission : inspecter les zones proches du piège, rechercher d’éventuels foyers de nidification et intensifier le dispositif de piégeage. La stratégie est claire : contenir au plus vite et viser l’éradication.
Un arrêté de lutte est déjà en cours de rédaction. Il imposera des mesures de biosécurité renforcées dans la zone infestée. Cette approche traduit une ligne ferme : priorité à la protection des îles et à la sauvegarde des filières agricoles face à un ravageur redoutable.
Les partenaires se réunissent sans délai pour élaborer un plan d’action coordonné. Les représentants de la Nouvelle-Calédonie, des provinces, de la Chambre d’agriculture et de la pêche, des organismes de recherche et de l’Agence rurale sont tous mobilisés. La discipline collective est ici un gage de succès. À l’image d’autres menaces biologiques déjà combattues, seule une action concertée et déterminée peut empêcher la prolifération du scarabée.
Cet épisode rappelle la nécessité de contrôles stricts aux points d’entrée : ports, aéroports et sites sensibles. La réglementation adoptée en 2023 visait justement à réduire les risques d’introduction. Mais l’expérience prouve qu’aucune protection n’est absolue et que la vigilance doit rester maximale.
Un ennemi déjà connu mais plus résistant
Le scarabée rhinocéros n’est pas un inconnu en Nouvelle-Calédonie. Les premiers spécimens avaient été interceptés à Tontouta en septembre 2019. Depuis, la Grande Terre est considérée comme infestée, et les efforts déployés n’ont pas permis d’en venir à bout. Le cas de Lifou est donc particulièrement grave : l’ennemi est déjà installé sur le territoire et appartient à un biotype redoutable, dit « Guam », le plus résistant du Pacifique.
Originaire d’Asie du Sud-Est, le ravageur s’est répandu dans plusieurs îles du Pacifique : Wallis-et-Futuna, Fidji, Samoa, Vanuatu, Guam, Hawaï. Partout, il provoque des dégâts majeurs. Les cocotiers, symboles de l’économie et du paysage océanien, sont menacés de dépérissement. À terme, les attaques répétées peuvent causer la mort des arbres, privant les populations d’une ressource stratégique.
Pour les Calédoniens, l’affaire ne doit pas être minimisée. La biosécurité n’est pas un luxe : c’est une condition de survie agricole et identitaire. Sans discipline collective, sans contrôles rigoureux et sans mobilisation totale, Lifou risque de subir le même sort que la Grande Terre. Mais à la différence du passé, l’archipel dispose désormais d’une expérience et de moyens renforcés pour riposter.
Le gouvernement veut éviter que ce scarabée ne s’installe durablement. Son objectif est clair : l’éradication totale et le rétablissement du statut indemne de l’île. La réussite de cette mission dépendra de la coopération des habitants, des agriculteurs et des institutions. Car face à un tel danger, aucune complaisance n’est possible.
Communiqué de presse :
https://gouv.nc/sites/default/files/atoms/files/2025.10.03_cp_detection_oryctes_rhinoceros_a_lifou.pdf