Une menace venue d’Europe, une vigilance renforcée dans le Pacifique. La Nouvelle-Calédonie renforce ses contrôles face à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse. L’archipel entend protéger son cheptel, sa souveraineté sanitaire et son agriculture.
Une épidémie animale qui frappe l’Europe
Italie, France, Espagne : en quelques mois, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) s’est propagée à une vitesse inquiétante. Cette maladie virale, qui touche les bovins et les buffles, provoque des lésions cutanées, une baisse de production laitière et une mortalité accrue dans les cheptels. En Europe, plusieurs foyers ont été confirmés depuis mai 2025, notamment en Sardaigne, Lombardie, Savoie, Ain, Isère, Jura, Rhône, Loire et Pyrénées-Orientales. L’Espagne, avec la Catalogne, est également touchée.
En métropole, les services vétérinaires s’efforcent de circonscrire la maladie, mais les échanges commerciaux et le transport d’animaux accroissent le risque d’extension. Face à ce danger venu d’Europe, la Nouvelle-Calédonie a choisi la prudence absolue.
Une barrière sanitaire ferme pour la Nouvelle-Calédonie
Depuis Nouméa, la Direction des affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR) a pris des mesures fortes : les importations de produits issus de bovins et de buffles sont désormais soumises à des restrictions sévères. L’objectif est clair : empêcher l’introduction du virus sur le territoire, où l’élevage constitue un pilier économique et culturel.
Sont concernés les viandes et produits à base de viande, les produits laitiers ainsi que les sous-produits animaux. Seuls quelques éléments — boyaux, gélatine, collagène, suif, onglons et cornes — sont jugés sans risque. Ces produits doivent désormais être accompagnés d’une preuve de traitement thermique ou chimique stérilisateur garantissant l’inactivation du virus.
En outre, les cuirs non travaillés, les peaux et le matériel génétique bovin provenant de France et d’Italie sont interdits d’importation jusqu’à nouvel ordre. Même les aliments et jouets pour animaux doivent répondre à des exigences sanitaires renforcées. Cette rigueur, jugée exemplaire, témoigne d’une volonté claire : préserver l’intégrité biologique du territoire face à un monde globalisé et vulnérable.
Défendre la souveraineté sanitaire du territoire
Derrière cette décision, c’est toute une philosophie de protection et d’autonomie qui se dessine. En renforçant ses contrôles, la Nouvelle-Calédonie défend un modèle agricole fondé sur la qualité, la traçabilité et la sécurité. Dans un monde où les flux commerciaux ignorent les frontières, le réflexe souverain devient un acte de bon sens.
La DNC n’est pas seulement une crise vétérinaire : c’est un signal d’alarme. Elle rappelle la fragilité des filières face à la mondialisation des maladies animales, mais aussi leur dépendance aux importations. En bloquant les produits à risque, la DAVAR assume un choix courageux et lucide, plaçant la sécurité des éleveurs calédoniens au-dessus des considérations économiques immédiates.
Le gouvernement local promet d’ajuster ces mesures selon les informations transmises par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Mais une chose est sûre : la Calédonie entend rester maîtresse de son destin sanitaire. Dans le Pacifique, la vigilance n’est pas une contrainte, c’est une arme de défense « pays ».