J’ai relu les comptes rendus.
J’ai vu le général arriver en juillet.
Il dit que la violence d’avant est encore dans les têtes.
Il dit que la délinquance n’est pas politique.
Juste ordinaire. Juste jeune. Parfois dix ans. Parfois onze.
J’ai hoché la tête. J’ai pensé “molle”, oui, mais dangereuse.
Il veut une “force tranquille”.
Des gendarmes partout. Visibles pour la population. Imprévisibles pour l’adversaire.
Cinquantaines de rencontres par semaine avec les coutumiers, dit-il.
Il va à Saint-Louis. Il prend des caillassages. Pas un drame. Il y retourne.
Trois escadrons, un blindé, trente minutes : problème réglé.
J’ai compris la logique : présence, fermeté, répétition. Et j’ai compris aussi la fatigue derrière.
Il parle de contentieux.
Des commanditaires poursuivis. Des enquêtes accélérées.
Il veut suivre l’argent, les armes, les réseaux.
Il pense chaque matin à une rechute. Il dort peu, apparemment.
J’ai senti qu’il ne parlait pas pour plaire. Il parlait pour agir.
Pendant ce temps, la politique bouge.
Christian Tein obtient l’autorisation de revenir, décision de la Cour d’appel.
Le FLNKS applaudit.
Ils veulent des élections avant fin novembre. Ils menacent, ils négocient, ils marchent sur plusieurs tableaux.
J’ai noté la stratégie : pression locale, lobbying à Paris, menace du blocage.
Ils disent “si la loi passe, nous on continue”. J’ai entendu : on ne lâchera rien.
Ailleurs dans la région, Madagascar explose.
Un colonel prend le pouvoir. La Constitution suspendue.
Les discours parlent d’ordre et de responsabilité. Les rues parlent de morts.
J’ai pensé que nos problèmes ne sont pas isolés. Que l’instabilité voyage. Que la parole militaire se recycle vite.
Et puis, la vie continue.
Un fonds soutient 26 projets environnementaux. Des mangroves sauvées, des emplois préservés.
Des meringues roses vendues pour Octobre Rose. Des élèves qui pâtissent pour une cause.
Un festival, un cirque, du sport sur la plage. La ville qui respire, malgré tout.
J’ai souri aux meringues. J’ai applaudi les bénévoles.
Tout se mélange : la fermeté, les procès, les stratégies politiques, les coups d’État, les projets citoyens.
On veut de l’ordre. On veut de la justice. On veut que la vie reprenne.
Moi, je veux surtout qu’on arrête d’en faire des romans quand il suffit d’appliquer la loi.
Du concret. De la présence. Des résultats. Pas des phrases creuses.
J’ai fermé le dossier. J’ai attendu. J’ai regardé. J’ai rien dit.
Bref.