Depuis sa création, la Journée européenne de la justice, célébrée autour du 25 octobre de chaque année, s’impose comme un moment fort pour rapprocher la justice des citoyens. Elle vise à informer les habitants sur leurs droits, à promouvoir la coopération judiciaire européenne et à encourager la transparence des systèmes judiciaires. « Rendre la justice plus proche des citoyens » est le leitmotiv officiel de cette initiative.
Mais quel sens cette journée prend-elle pour les populations ultramarines comme la Nouvelle-Calédonie, territoire associé à l’Union européenne ? À quel point les défis locaux de la justice trouvent-ils un écho dans cette journée européenne ?
Naissance et ambition
Instituée en 2006 sous l’égide du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne via la CEPEJ (Commission pour l’efficacité de la justice), la Journée européenne de la justice s’adresse aux citoyens, aux étudiants comme aux professionnels du droit.
Son ambition est triple :
- rapprocher le citoyen du système judiciaire ;
- informer sur les droits (notamment transfrontaliers) ;
- promouvoir la coopération judiciaire européenne.
Des événements comme des simulations de procès, des sessions d’information, des portes ouvertes de juridictions font partie du dispositif.
Ce qu’elle véhicule : justice, confiance, participation
Au-delà des activités ponctuelles, cette journée porte un message symbolique : la justice doit être visible, compréhensible, accessible. Elle contribue à renforcer la confiance dans l’État de droit et la légitimité des institutions judiciaires. En France, le ministère de la Justice rappelle qu’à cette occasion il réaffirme son engagement pour « une justice au service des citoyens et des libertés ».
Dans plusieurs pays, certaines hautes juridictions ouvrent leurs portes au public pour accroître la transparence. En Belgique, par exemple, le 25 octobre 2025, la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’État et la Cour des comptes inviteront le public dans leurs locaux.
Limites et critiques possibles
Même si cette journée vise l’accessibilité, elle ne peut abolir les obstacles structurels : complexité du droit, barrières financières, défaut d’information dans les zones reculées, pénurie de moyens, lenteurs. Certains observateurs critiquent le risque de symbolisme déconnecté du vécu des justiciables les plus fragiles.
Accès au droit et inégalités territoriales
Dans l’Union européenne, les écarts entre systèmes judiciaires sont sensibles : délais de jugement, ressources des tribunaux, soutiens aux justiciables (aides juridiques, défense), et fracture numérique. La Journée doit rappeler que l’égalité devant la justice n’est pas acquise partout.
Un pan important de cette journée concerne le droit de l’Union, par exemple le règlement Bruxelles II, le règlement (UE) sur les petites créances, et la sensibilisation des citoyens à leurs droits lorsqu’ils franchissent une frontière.
Crise, contestation sociale et droit
Dans des contextes de tensions (crises sociales, contestations politiques), la justice devient un point focal : garantir les droits à manifester, protéger la liberté d’expression, veiller à une application équitable des lois. Cette dimension est d’autant plus pertinente dans les territoires où les tensions sont fortes.
Statut institutionnel et lien à l’Union européenne
La Nouvelle-Calédonie est une collectivité d’outre-mer rattachée à la République française mais associée à l’Union européenne comme une « overseas country or territory » (OCT).
Son cadre institutionnel est façonné par l’Accord de Nouméa (1998), qui a transféré de nombreuses compétences aux institutions locales, à l’exception notamment de la justice, de la sécurité et de la monnaie, restées sous le contrôle de l’État français.
Ainsi, même si le territoire bénéficie d’un statut particulier, l’organisation judiciaire y reste alignée sur le modèle métropolitain avec des tribunaux de droit commun, une cour d’appel, etc. Par exemple, le tribunal de première instance de Nouméa statue à la fois pour les missions du tribunal d’instance et du tribunal de grande instance.
Une date pour penser justice autrement
La Journée européenne de la justice ne se limite pas à une célébration symbolique. Elle est une invitation à faire de la justice un objet partagé, accessible, visible, un lien vivant entre les citoyens et leurs institutions. Comme le rappelle l’un des objectifs officiels : rendre la justice plus proche des citoyens.















