La rue ne suit plus. Face à l’accord de Bougival, les militants de la CCAT se retrouvent bien seuls.
Un accord signé, mais toujours contesté
Signé le 12 juillet 2025 à Bougival, l’accord de Bougival devait marquer un tournant pour la Nouvelle-Calédonie.
Négocié entre l’État, les représentants loyalistes et plusieurs acteurs indépendantistes, il fixe un nouvel équilibre politique : un cadre commun, plus clair sur les compétences locales, et une citoyenneté calédonienne appelée à évoluer.
L’objectif affiché était de préserver la paix tout en ouvrant la voie à une autonomie mieux partagée. Mais sur le terrain, certains continuent d’y voir un texte imposé « d’en haut ». Le mot d’ordre reste le même : méfiance envers l’accord, malgré une population lassée des affrontements passés.
Samedi à Nouméa : un mouvement qui s’essouffle
Ce samedi 25 octobre, quelques militants se sont retrouvés devant un terrain sportif de Nouméa, derrière une banderole artisanale :
« Non à un passage en force, oui à un dialogue respectueux ».
À proximité, deux gendarmes surveillaient calmement la scène, sans tension particulière.
L’image est claire : les foules de mars et avril 2024 ont disparu. À l’époque, la CCAT, appuyée par le FLNKS, le PALIKA et l’UPM, mobilisait massivement contre la réforme du corps électoral. Aujourd’hui, ces partenaires historiques ont pris leurs distances, laissant le mouvement réduit à sa base la plus dure.
L’épuisement est visible : la rue ne suit plus, et le mot d’ordre « rejet de Bougival » peine à rallumer la flamme.
Les Calédoniens veulent avancer
Les habitants, eux, ont changé de priorité. Après les émeutes de mai 2024, la population aspire avant tout à la stabilité.
Les entreprises cherchent à redémarrer, les salariés à travailler, les familles à retrouver un horizon.
Selon les estimations économiques, la Nouvelle-Calédonie a perdu près de 20 % de PIB depuis les violences, et des milliers d’emplois ont disparu.
Dans ce contexte, les slogans de confrontation paraissent déconnectés d’une réalité quotidienne faite d’incertitude, de dettes et de fatigue sociale.
« Les gens ne sont plus dupes, » glisse un commerçant du centre-ville. « On veut tourner la page, pas tout recommencer. »
Lundi, nouvelle tentative devant le Haut-Commissariat
Les organisateurs appellent déjà à un nouveau rassemblement lundi 27 octobre, devant le Haut-Commissariat de la République.
Mais la dynamique n’y est plus. La fracture entre le FLNKS, l’UPM et le PALIKA a isolé la CCAT, qui ne parvient plus à entraîner le pays dans une logique de confrontation.
Pendant que certains crient encore au « passage en force », la majorité silencieuse regarde ailleurs : vers le travail, la paix et l’avenir.
La contestation s’essouffle. Et le terrain, cette fois, semble avoir choisi l’apaisement.















