Le plénum du Parti communiste chinois (PCC) a dévoilé son nouveau plan quinquennal. Objectif : dominer les sciences et les technologies mondiales d’ici 2035. Mais derrière la façade économique, une autre réalité s’impose : un pouvoir verrouillé par Xi Jinping, 72 ans, plus déterminé que jamais à rester seul maître à bord.
Pékin rêve d’un empire technologique et scientifique
D’ici 2035, la Chine veut devenir la première puissance scientifique et technologique du monde. C’est l’ambition proclamée du dernier plénum du Parti communiste chinois. Pour y parvenir, le régime veut stimuler la recherche, moderniser son industrie et bâtir une économie capable de rivaliser avec les États-Unis sur tous les fronts.
Mais cette course à la puissance s’accompagne d’un interventionnisme économique massif. Pékin veut forcer la consommation intérieure : hausse des salaires, prime à la natalité, subventions aux familles et aux structures d’accueil. Dans un pays où la population vieillit à grande vitesse, le PCC veut éviter le déclin démographique et relancer la demande intérieure.
Ce plan ambitieux cache aussi un enjeu politique : maintenir la stabilité sociale coûte que coûte. La Chine veut démontrer que son modèle autoritaire reste capable de prospérer sans liberté politique. Une ligne dure, assumée par Xi Jinping, qui voit dans la science et la technologie des armes de puissance, mais aussi de contrôle.
Une relance artificielle face à une économie à bout de souffle
En façade, le discours est volontariste. Dans les faits, la Chine affronte une consommation atone et une croissance en panne. Pékin multiplie les plans de relance : reprise des appareils électroménagers usagés contre du neuf, aides aux ménages, incitations fiscales. Des mesures efficaces à court terme, mais qui ne masquent pas le fond du problème : la méfiance croissante des classes moyennes envers le régime et l’avenir économique du pays.
Les entreprises, elles, restent prudentes. Entre pressions politiques, répression numérique et surveillance généralisée, la confiance des investisseurs étrangers s’effrite. Et malgré les slogans du PCC sur la « modernisation verte », la Chine reste le premier pollueur mondial. Pékin promet de réduire ses émissions de CO₂, mais continue d’ouvrir de nouvelles centrales à charbon pour soutenir sa croissance.
Ce paradoxe illustre une vérité dérangeante : la Chine ne veut pas choisir entre l’écologie et la puissance. Sa priorité reste la domination mondiale, même au prix d’un modèle économique insoutenable.
Xi Jinping, l’empereur rouge qui refuse de vieillir
Le vrai sujet du plénum n’a pas été discuté : la succession de Xi Jinping. À 72 ans, le président chinois entame son troisième mandat, après avoir aboli la limite constitutionnelle des deux quinquennats. Aucun dauphin n’a été désigné, et les membres du politburo sont trop âgés pour espérer prendre la relève.
Cette longévité politique inédite fait de Xi un dirigeant comparable à Mao, sans contre-pouvoir, sans rival, et sans héritier. Pour consolider son règne, il a lancé une purge interne massive : neuf généraux récemment limogés, des dizaines de cadres du parti accusés de corruption, et une armée réorganisée pour garantir la loyauté au chef.
Xi Jinping craint avant tout le syndrome soviétique : l’effondrement d’un régime faute de fidélité absolue. Il le répète : « L’erreur de l’URSS fut d’avoir choisi Gorbatchev. » Autrement dit, la réforme tue la révolution. Alors, il verrouille tout.
Mais à force de tout contrôler, Xi isole son pays. Sa politique étrangère agressive inquiète, ses ambitions technologiques dérangent, et sa mainmise sur le pouvoir empêche toute respiration démocratique.
Le nouveau plan quinquennal chinois veut un pays plus riche, plus fort, plus influent. Mais à quel prix ? Derrière les promesses d’innovation et de modernité, la Chine s’enferme dans un modèle autoritaire et vieillissant, dirigé par un seul homme.
Xi Jinping veut conjurer le sort des dynasties disparues, mais son refus de préparer la relève pourrait devenir son talon d’Achille. Un empire sans succession finit toujours par vaciller.















