C’est une phrase simple, mais lourde de conséquences. Devant le tribunal de Nouméa, un homme condamné à dix mois de prison ferme pour avoir participé à des destructions massives à Thio a déclaré avoir agi “sur les ordres de la CCAT”. Des mots qui font voler en éclats l’idée d’un soulèvement spontané.
Une obéissance qui révèle une organisation
Le prévenu n’est pas un inconnu pour la justice. Son casier est chargé, son rôle dans les émeutes de 2024 clairement établi.
Mais pour la première fois, un participant reconnaît publiquement avoir reçu des consignes d’un organe identifié : la Cellule de coordination des actions de terrain, la CCAT.
Une structure que beaucoup présentaient comme une nébuleuse insaisissable, sans existence légale.
Sauf qu’un document judiciaire change la donne : dans une procédure déposée par l’avocat de l’Union calédonienne, il est écrit noir sur blanc que la CCAT est “une partie intégrante du mouvement de l’Union calédonienne”.
Autrement dit, ce n’est plus un groupe d’activistes isolés. C’est un prolongement politique assumé.
Thio, symbole d’une faillite
Le 19 mai 2024, le site minier de la SLN à Thio est attaqué, pillé, incendié. Des milliards de francs de dégâts, des centaines d’emplois suspendus, une activité industrielle à l’arrêt depuis un an. La commune, déjà fragile, s’est effondrée économiquement.
Et c’est précisément pour ces faits qu’un homme vient d’être condamné. Mais derrière lui, c’est toute une logique qui apparaît : celle d’un mouvement organisé, qui a donné des ordres, puis laissé les exécutants assumer seuls les conséquences.
Pendant que les incendies ravageaient la côte, la CCAT publiait des communiqués, et les responsables politiques parlaient de “résistance légitime”.
Aujourd’hui, la justice remet de l’ordre : les mots d’hier deviennent des preuves.
La fin d’un déni
Ce procès, au fond, n’est pas seulement celui d’un homme. Il marque un tournant : celui de la responsabilité politique dans les violences du 13 mai.
Car si l’Union calédonienne reconnaît par écrit que la CCAT lui appartient, alors elle porte, juridiquement et moralement, la charge des actes commis sous ses “ordres”.
Il ne s’agit plus d’interprétations. Les déclarations judiciaires existent. Les dégâts se chiffrent. Les victimes, elles, n’ont rien oublié.
Thio n’a pas brûlé seule. Thio a brûlé sur consigne, au nom d’un appareil politique qui, aujourd’hui, tente encore de se défausser.
Et au bout de la chaîne, il restera une évidence : dans cette affaire, l’obéissance aveugle a remplacé la conscience politique.
 
		














