Deux réunions seulement, mais des dossiers explosifs.
Et une vérité qui s’impose : l’électricité calédonienne n’est plus un sujet technique, c’est devenu un enjeu politique majeur.
Le système électrique étouffé par dix ans d’erreurs : le gouvernement dévoile enfin les chiffres
La semaine s’annonce « institutionnellement calme », mais la réalité est tout autre : le Congrès va devoir regarder en face douze années d’un modèle électrique subventionné à crédit, une mécanique devenue incontrôlable. Jeudi 6 novembre, dans la grande salle des commissions du boulevard Vauban, le gouvernement présentera officiellement la situation financière réelle du système électrique, comme l’impose l’article 29 de la délibération de 2012.
Et le constat est sans appel : depuis 2013, Enercal porte à bout de bras la différence entre ce que paient les Calédoniens et ce que coûte réellement l’électricité. Une dérive volontaire, pensée pour éviter des décisions impopulaires. Résultat : 20,6 milliards de francs CFP de dette dite « historique » au 30 septembre 2024. Une somme vertigineuse, utilisée pendant des années pour masquer l’écart entre politique et réalité économique.
La réforme du 22 août 2024 a enfin mis fin à cette fuite en avant. Elle prévoit trois hausses tarifaires successives, octobre 2024, octobre 2025 et octobre 2026, des ajustements indispensables pour ramener un minimum de vérité dans un système qui a trop longtemps vécu en dehors des règles de bon sens.
À partir de 2027, le dispositif devient automatique : les prix seront alignés sur les coûts réels, à la hausse comme à la baisse. Une décision de rigueur, assumée, qui rompt enfin avec l’illusion du « tout subventionné ». Un choix courageux dans un territoire où l’électricité a souvent été utilisée comme un outil électoral, au détriment de la responsabilité budgétaire.
Reste une réalité incontournable : la Nouvelle-Calédonie devra rembourser Enercal. Entre 2026 et 2029, la collectivité rétablira progressivement la dette historique. Et entre 2024 et 2026, elle devra également couvrir l’« équilibre tarifaire » de la période, soit environ 8,6 milliards de francs CFP supplémentaires. Une facture lourde, mais indispensable pour assainir un système devenu toxique.
Dans cette première réunion, une chose sera scrutée attentivement : la capacité du gouvernement à tenir une ligne ferme, sans céder aux discours victimaires qui ont fragilisé le territoire pendant une décennie. La vérité des chiffres s’impose désormais à tous, et sans responsabilisation, il n’y a pas de souveraineté énergétique possible.
Enercal, dette, vérité des coûts : un débat technique qui devient hautement politique
Le jeudi 6 novembre ne sera pas une simple séance de présentation : c’est un tournant. Les élus seront mis face à une équation qu’aucune majorité n’a voulu résoudre depuis 2013 : l’électricité calédonienne coûte plus cher que son prix de vente, un non-sens économique.
Cette politique, présentée à l’époque comme un geste social, s’est transformée en piège. Les augmentations programmées entre 2024 et 2026 ne sont pas une punition, mais un retour au réel. La réforme du 22 août 2024 a d’ailleurs été conçue pour éviter le chaos : pas de choc brutal, mais un redressement progressif, tout en garantissant transparence et prévisibilité.
Cette fois, la balle est dans le camp des élus. La présentation du gouvernement ouvre un débat crucial : faut-il enfin tourner la page du populisme tarifaire ? Les chiffres montrent que l’alternative serait bien plus douloureuse : faillite d’Enercal, panne d’investissement, dépendance accrue aux importations, voire risques sur la continuité du service.
À droite, le message est clair : cesser la fuite en avant, restaurer la discipline budgétaire, sécuriser l’avenir énergétique. Une ligne assumée, qui s’impose aujourd’hui comme la seule réaliste.
Concurrence, modernisation et rigueur : la commission législative ouvre le second front
Le lendemain, vendredi 7 novembre, les élus reviendront au Congrès pour examiner un tout autre dossier, mais dans la même logique de vérité économique. La commission de la législation et de la réglementation économiques et fiscales étudiera le projet de loi du pays sur la concurrence (rapport n° 72/GNC du 1er octobre 2025), porté par Lionnel Brinon.
Un texte discret mais déterminant : il vise à assainir les règles du jeu, lutter contre les positions dominantes, améliorer la transparence et renforcer les pouvoirs de contrôle. La Nouvelle-Calédonie ne peut plus se permettre un marché verrouillé, où les prix sont souvent maintenus artificiellement hauts, au détriment des ménages comme des entreprises.
Cette réforme s’inscrit dans une tendance forte : remettre de l’ordre, retrouver la confiance, sortir des arrangements opaques. Le territoire a besoin d’une économie ouverte, dynamique, capable d’affronter la compétition régionale et de renouer avec la croissance.
Officiellement, la semaine législative est légère. En réalité, elle est décisive. Car derrière ces réunions se joue un choix politique majeur : assumer les réformes, accepter les chiffres, sortir du déni et remettre la Nouvelle-Calédonie sur des rails solides.
La dette d’Enercal, le retour au prix réel, le remboursement programmé, la réforme de la concurrence : autant de décisions exigeantes mais indispensables. Et une constante : on ne reconstruit pas un territoire en cédant aux plaintes ou aux illusions, mais en regardant la vérité en face.















