Deux médecins qui choisissent le Nord, c’est déjà un signal. Trois, c’est un message clair : le territoire entend relever la tête et défendre son accès aux soins.
Un renfort médical attendu pour un territoire qui refuse le déclassement
La province Nord, souvent décrite comme le parent pauvre de l’offre de soins, refuse désormais la résignation. L’arrivée de trois nouveaux médecins généralistes, le Dr Fugier, le Dr Mahaut et le Dr Havyarimana, marque une avancée stratégique pour un territoire qui a trop longtemps souffert de la pénurie médicale.
Arrivés le 27 octobre, les praticiens ont été accueillis les 31 octobre et 3 novembre à Koné, lors d’un temps institutionnel destiné à structurer leur intégration, sécuriser leurs démarches administratives et installer une relation durable entre le territoire et ses nouveaux professionnels de santé.
Ce n’est pas un simple recrutement : c’est un choix assumé de professionnalisation, de rigueur et d’exigence. La province refuse l’improvisation et le turn-over permanent qui affaiblissent les structures publiques.
Le parcours imaginé repose sur une immersion d’un mois dans les CMS de Hienghène, Pwêêdi Wiimîâ, Koohnê et Kaa Wi Paa (Kouaoua). Objectif : comprendre le terrain, rencontrer les équipes, appréhender la réalité culturelle et sanitaire, et s’inscrire dans une continuité de service. Une démarche structurée, loin des discours victimaires, qui confirme la volonté d’offrir aux habitants une médecine stable, accessible et ambitieuse.
Dans un territoire où la relation entre médecin et patient reste primordiale, cette immersion représente un investissement essentiel : apprendre les codes locaux, inscrire sa pratique dans une histoire collective, comprendre les étendues géographiques et la diversité des besoins.
Une installation stratégique dans trois communes clés
Au terme de cette immersion, les trois praticiens intégreront les CMS de Vook (Voh), Pweevo (Pouébo) et Pwarairiwa (Ponérihouen) : trois communes où la présence médicale régulière est non seulement un besoin, mais un impératif de cohésion sociale.
La province Nord revendique une vision claire : pour maintenir une offre de soins digne d’un territoire français, il faut attirer, accompagner et conserver les médecins. Rien n’est laissé au hasard : organisation logistique, installation dans les hébergements, accompagnement administratif, prise en main des outils professionnels chaque étape est pensée pour stabiliser les praticiens sur le long terme.
Cette politique volontariste tranche avec des années de bricolage où l’on remplaçait les absences par des solutions précaires. Ici, l’objectif est simple : permettre aux habitants du Nord de bénéficier d’un suivi médical continu, de consultations régulières et d’un accès à la prévention digne de ce nom.
Le renfort des CMS de ces trois communes n’est pas anodin : Voh, carrefour industriel et agricole ; Pouébo, territoire côtier où les distances compliquent l’accès aux soins ; Ponérihouen, zone charnière entre littoral et intérieur. En renforçant ces points stratégiques, la province mise sur un maillage territorial solide, pragmatique et cohérent.
Une stratégie sanitaire qui assume l’exigence et la responsabilité
Elle appelle la population à accueillir ses nouveaux médecins avec chaleur, respect et exigence, car l’attractivité passe aussi par l’engagement collectif.
Cette vision rappelle une évidence trop souvent oubliée : la santé n’est pas un service banal. Elle repose sur des équipes, des vocations, des responsabilités. En soutenant ses médecins et en renforçant ses CMS, la province Nord construit une politique sanitaire sérieuse, stable et profondément humaine.
Les autorités locales insistent sur un point : la qualité des soins dépend aussi de la capacité du territoire à fidéliser celles et ceux qui s’engagent à soigner ici. Ce n’est ni une revendication ni une plainte, mais une position de principe : le Nord mérite une offre médicale à la hauteur de son dynamisme et de son identité.
Les équipes déjà en poste sont remerciées pour leur engagement constant. Leur présence, souvent discrète mais essentielle, a permis de tenir malgré les difficultés structurelles. Ce renfort médical vient consolider un édifice construit patiemment par des soignants qui n’ont jamais renoncé.
L’arrivée de ces trois médecins n’est donc pas un événement isolé : elle s’inscrit dans une trajectoire de reconquête, une manière de rappeler que le territoire refuse le recul sanitaire et revendique sa place dans une République qui garantit le droit à la santé.


















