Face à la colère du MEDEF-NC, la FEINC défend une réflexion lucide sur l’avenir du nickel calédonien et la survie du modèle industriel.
Le communiqué du MEDEF Nouvelle-Calédonie, publié le 7 novembre 2025, n’est pas passé inaperçu. En s’en prenant à la FEINC (Fédération des entreprises interprofessionnelles de Nouvelle-Calédonie) pour avoir évoqué la possible fin de la SLN, le patronat local s’est posé en gardien du statu quo industriel. Mais à trop vouloir défendre un modèle à bout de souffle, le MEDEF risque d’étouffer un débat pourtant nécessaire : celui de la reconversion et de l’adaptation d’un secteur en crise structurelle.
Le MEDEF défend la SLN… jusqu’à l’aveuglement ?
La SLN est un acteur structurant, porteur de savoir-faire et contributeur majeur à la survie des comptes sociaux
écrit le MEDEF-NC dans son communiqué. Personne n’en disconvient. Mais défendre la SLN ne signifie pas refuser toute remise en question, surtout dans un contexte où l’usine de Doniambo cumule pertes financières, dépendance énergétique et difficultés environnementales.
La FEINC, dans ses propos relayés par Made in, ne célébrait pas la disparition de la SLN : elle posait la question du “modèle d’après”, celui d’une Calédonie capable de transformer autrement ses ressources et de diversifier son économie.
Ce n’est pas un appel à casser l’outil industriel, mais à anticiper son évolution
explique un représentant de la fédération. Une nuance que le MEDEF semble ignorer dans son indignation.
Un débat étouffé au nom de l’unité économique
Le ton du MEDEF traduit une crispation plus profonde : la peur de reconnaître l’échec d’un système qui s’essouffle. En s’indignant des « scénarios hypothétiques », l’organisation patronale cherche à fermer la porte à toute alternative, alors que la réalité des marchés mondiaux du nickel impose justement de penser différemment.
Le monde évolue vers un nickel bas-carbone, traçable et responsable. Or, la SLN peine à se moderniser, faute d’investissements suffisants et de vision stratégique partagée. Face à cela, la FEINC défend une approche plus pragmatique :
Plutôt que de maintenir artificiellement des structures déficitaires, mieux vaut préparer de nouveaux outils économiques
Une position réaliste, parfois dérangeante, mais loin du « discours à l’emporte-pièce » décrit par le MEDEF.
Réinventer la filière plutôt que la mythifier
Si le MEDEF a raison de rappeler le rôle social et économique de la SLN, il ne propose aucune voie de transformation concrète. Transition énergétique, diversification des débouchés, compétitivité : autant de mots creux s’ils ne s’accompagnent pas d’un plan d’action.
À l’inverse, la FEINC appelle à une réflexion collective sur l’avenir de la filière, en tenant compte des réalités financières, écologiques et géopolitiques. Le nickel de demain ne sera plus celui d’hier.
En valorisant la reconversion, la fédération ne cherche pas à détruire l’existant, mais à sauver l’essentiel : l’emploi, les compétences et la souveraineté industrielle du territoire. Fermer les yeux sur les failles actuelles serait bien plus dangereux que d’oser envisager le changement.
L’échange entre le MEDEF et la FEINC révèle deux visions du futur calédonien : l’une tournée vers la préservation coûte que coûte d’un symbole industriel, l’autre tournée vers l’adaptation et la lucidité économique.
Entre la nostalgie du passé et la peur de l’avenir, la Calédonie devra choisir. Et dans cette équation, la voix de la FEINC, plus pragmatique que polémique, mérite d’être entendue, non pas contre la SLN, mais pour le pays.
















