Certains veulent jouer les archéologues sur Facebook. Mais quand la science frappe à leur porte, ils ferment la porte à double tour.
La polémique : un post Facebook, un chercheur, et un doute feint
Tout est parti d’un simple article publié par La Dépêche de Nouméa : « 3 000 ans plus tard, les pierres parlent encore ».
Une manière de rappeler que l’archéologie calédonienne continue d’explorer le passé du territoire.
Mais à peine l’article publié, voilà que la page YKKY PROD s’empresse de relayer un commentaire moqueur signé Louis Lagarde, chercheur en archéologie. Il interroge : « Quelles sources utilisez-vous ? », « Quel département archéologique de la province Sud ? », sous-entendant une erreur ou une invention. la réponse en image provenant de l’Office de tourisme de Thio & Musée de la mine.
Sauf qu’ici, la polémique dépasse une simple précision technique.
Elle révèle une stratégie désormais classique : discréditer l’information dès qu’elle ne cadre pas avec le récit indépendantiste.
Quand on refuse les faits… mais qu’on réclame des preuves
Les mêmes qui s’offusquent aujourd’hui d’un article sur la datation des pierres ont, en 2017, refusé la seule méthode scientifique capable de trancher le débat : l’étude génétique.
Cette recherche internationale, portée par des laboratoires français et allemands, visait à comparer le génome kanak avec celui d’autres peuples du Pacifique pour comprendre les routes du peuplement océanien.
Résultat : refus catégorique du Sénat coutumier, au nom du droit coutumier selon lequel « la génétique n’appartient pas à l’individu mais à son clan ».
Une justification culturelle respectable, certes. Mais impossible de ne pas y voir aussi une volonté de verrouiller le récit historique, d’éviter que la science ne vienne bousculer le mythe politique soigneusement entretenu.
Car si la vérité dérange, mieux vaut que les pierres se taisent.
Le récit comme arme politique
En Nouvelle-Calédonie, le contrôle du passé est devenu un instrument de pouvoir.
Refuser les études, contester les articles, intimider les journalistes : autant de moyens de maîtriser la narration collective.
C’est ainsi que la « mémoire » devient un champ de bataille : on ne cherche plus la vérité, on façonne la version qui sert sa cause.
L’archéologie, la génétique, la presse — toutes sont utiles tant qu’elles confortent un discours.
Mais dès qu’elles contredisent une idéologie, elles sont taxées de mensonge, d’atteinte à la coutume ou de manipulation médiatique.
Le drame, c’est qu’à force de refuser la science, on finit par croire que l’histoire est une opinion. Et dans un territoire où la politique se nourrit d’émotion, le récit devient une arme redoutable.


















